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L’alcool, responsable de plus de 740 000 cas de cancers dans le monde en 2020

D’après une analyse mondiale pilotée par le Centre international de recherche sur le cancer, plus de 740 000 cas de cancers dans le monde en 2020, soit 4 % des cas totaux, seraient attribuables à la consommation d’alcool. Les auteurs appellent à une meilleure sensibilisation et protection des populations.

Un cas sur 25 : c’est la proportion des cancers survenus en 2020 dans le monde attribuables à la consommation d’alcool. Telle est la conclusion d’une vaste étude publiée durant l’été 2021 dans la revue The Lancet Oncology, sous la houlette du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC).

10 cancers liés à l’alcool considérés dans l’analyse

Pour parvenir à ces conclusions, les chercheurs ont considéré uniquement les cancers dont la survenue est reconnue comme étant causalement liée à l’alcool, selon les dernières monographies du CIRC, à savoir les cancers des voies aéro-digestives supérieures (bouche, pharynx, larynx, œsophage), du côlon, du rectum, du foie et du sein. Les taux d’incidence des différents cancers ont été obtenus à partir de la base de données GLOBOCAN de l’observatoire mondial du cancer. Les augmentations de risque de cancer attribuables à la consommation d’alcool ont été estimées à partir des travaux permanents de synthèse bibliographique du World Cancer Research Fund. Une période de latence de 10 ans a été considérée entre l’exposition à l’alcool et le diagnostic de cancer : ce sont donc des données de consommation d’alcool de 2010 (provenant de plusieurs sources croisées afin de limiter le biais de sous-déclaration) qui ont été utilisées. Des analyses ont été réalisées en fonction du niveau de consommation d’alcool (modérée, à risque, très élevée), du sexe et des régions du monde.

L’alcool responsable de 4 % des cancers mondiaux

Selon les estimations réalisées, 741 300 cas de cancers en 2020 dans le monde sont attribuables à l’alcool. 76,6 % d’entre eux (soit 568 700 cas), soit plus des trois quarts, concernent les hommes. Les cancers de l’œsophage (189 700 cas), du foie (154 700 cas) et du sein (98 300 cas) sont ceux contribuant le plus au nombre total de cas.

4,1 % des cancers mondiaux, soit 1 cas sur 25, seraient ainsi liés à l’alcool. Ces proportions varient toutefois selon le site de cancer considéré, et sont plus élevées pour les cancers des voix aéro-digestives supérieures : la consommation d’alcool serait ainsi impliquée dans jusqu’à 31,6 % des cas de cancer de l’œsophage, 22 % des cas de cancer du pharynx, et 20,2 % des cas de cancer la bouche. Des différences fortes sont aussi observées entre les différentes régions du monde : les cancers attribuables à l’alcool représenteraient 6 % des cas totaux de cancers en Asie de l’Est (où la consommation d’alcool est en augmentation) et en Europe centrale et de l’Est (consommation historiquement élevée mais en baisse ces dernières années), mais représenteraient moins de 1 % en Afrique du Nord et Asie de l’Ouest (consommations faibles liées au contexte politico-religieux).

Les consommations modérées ont aussi un impact

Quant aux tendances en fonction du niveau de consommation d’alcool, elles révèlent que les consommations très élevées d’alcool (> 60 g/j, soit plus de 6 verres par jour), sont les premières responsables des cancers attribuables à l’alcool, à l’origine de 46,7 % des cas (346 400 cas). Elles sont suivies de près par les consommations dites à risque (20 à 60 g d’alcool/j, 2 à 6 verres/j), à l’origine de 39,4 % des cas (291 800 cas). Les consommations légères à modérées (< 20 g/j, soit moins de deux verres par jour), sont tout de même à l’origine de 13,9 % des cas de cancer attribuables à l’alcool (103 100 cas).

Sensibiliser et protéger les populations

Les auteurs considèrent leurs estimations plutôt conservatrices, et indiquent qu’elles pourraient être plus élevées si les anciens buveurs et certains autres cancers comme ceux du pancréas et de l’estomac (pour lesquels les niveaux de preuve quant au rôle de l’alcool sont moins élevés) étaient pris en compte.

Les mécanismes expliquant comment l’alcool participe à la survenue d’un cancer ne manquent pas : altération de l’ADN, des protéines et des lipides cellulaires par l’acétaldéhyde, métabolite carcinogène de l’éthanol, ; stress oxydant ; perturbations de la régulation de certaines hormones comme les œstrogènes et les androgènes… L’éthanol pourrait aussi constituer un solvant pour d‘autres agents carcinogènes comme ceux présents dans le tabac. Pour autant, les populations semblent ne pas avoir conscience ou connaissance des risques que représente la consommation d’alcool pour la santé. Les auteurs suggèrent ainsi la mise en place de message d’alerte inspirés de ceux apposés sur les paquets de tabac, en parallèle des actions déjà recommandées par l’OMS (augmentation des taxes, limitation de la disponibilité à la vente, diminution de la publicité…).

 

Source : Rumgay H, Shield K, Charvat H, Ferrari P, Sornpaisarn B, Obot I, Islami F, Lemmens VEPP, Rehm J, Soerjomataram I. Global burden of cancer in 2020 attributable to alcohol consumption: a population-based study. Lancet Oncol. 2021 Aug;22(8):1071-1080. doi: 10.1016/S1470-2045(21)00279-5.