En contradiction avec de précédents résultats observés chez l’animal et dans la plupart des études menées chez l’homme, une analyse détaillée des profils en AGPI du sang de femmes enceintes ne soutiendrait pas le concept d’une action des AGPI oméga 3 maternels sur le développement du tissu adipeux du nouveau-né.
De plus en plus de données suggèrent que le rapport oméga 6 / oméga 3 de l’alimentation de la mère pendant la grossesse peut influencer la formation du tissu adipeux de l’enfant.
Cette étude d’intervention, ouverte, randomisée, a été menée chez 208 femmes enceintes. La moitié des femmes (groupe d’intervention) recevait une supplémentation journalière de 1 200mg d’AGPI oméga 3 et des conseils diététiques dans l’objectif de réduire leurs apports en acide arachidonique (AA) à partir de la 15èmesemaine de grossesse et jusqu’à 4 mois d’allaitement. L’autre moitié des femmes suivait son régime habituel (groupe contrôle).
Comme attendu, la supplémentation en oméga 3 diminuait significativement de l’ordre de 50% le rapport oméga 6 / oméga 3 dans les phospholipides plasmatiques et les GR des mères et du sang de cordon.
D’une part, les taux d’acide docosaénoïque (DHA), les AGPI-LC oméga 3 et oméga 6 des GR maternels à 32 semaines de grossesse étaient positivement associés au poids de naissance des nouveaux-nés. D’autre part, le taux d’AA, les AGPI-LC oméga 3 et oméga 6 des GR maternels étaient positivement associés à la taille des nouveaux-nés. Les taux d’AA et d’AGPI-LC oméga 6 étaient négativement associés à l’indice de masse corporelle des nourrissons à 1 an, mais pas à leur adiposité.
Les auteurs concluent que d’après leur étude, les AGPI-LC oméga 6 et oméga 3, le DHA et l’AA pourraient jouer un rôle dans la croissance du foetus alors que les AGPI-LC oméga 6 seraient également impliqués dans la régulation de la croissance post-natale. En revanche, le rapport maternel oméga 6 / oméga 3 ne semblerait pas jouer un rôle dans le développement du tissu adipeux pendant la période de vie post-natale.
En fait, deux remarques importantes s’imposent : le rapport oméga6/oméga 3 des femmes avant l’intervention était déjà plutôt bas (2,7, valeur largement inférieure à celles répertoriées dans les pays industrialisés) si bien qu’on ne peut exclure l’absence d’effet d’une supplémentation dans une telle situation. De plus, il est possible que le suivi à un an des enfants soit insuffisant pour mettre en évidence un effet sur la composition corporelle car l’effet noté dans d’autres études est généralement constaté à un âge plus tardif.
Source : Effects of dietary intervention to reduce the n-6/n-3 fatty acid ratio on maternal and fetal fatty acid profile and its relation to offspring growth and body composition at 1 year of age. Much D et al. Eur J Clin Nutr. 2013 Jan 23.