Dans la cohorte américaine Framingham, l’apport en acides gras saturés provenant de produits laitiers est associé à un profil de risque cardio-métabolique plus favorable, en particulier chez les hommes, alors qu’aucune association n’est observée pour les acides gras saturés provenant d’autres sources.
On l’a souvent pointé du doigt en France : l’étude des effets des acides gras saturés (AGS) sur la santé mérite de la nuance ! Ces effets peuvent en effet différer en fonction de leur profil, et donc de leur source alimentaire. Dans ce contexte, des chercheurs américains ont exploré l’association entre les AGS et différents marqueurs métaboliques, en distinguant ceux provenant de produits laitiers des autres sources alimentaires.
La cohorte Framingham
Les chercheurs ont analysé les données de plus de 2 000 participants âgés de plus de 30 ans inclus dans la cohorte américaine Framingham Offspring Study. Ils ont évalué les apports moyens en AGS issus de différentes sources sur une période de 8 ans, et ont mesuré 4 ans plus tard une série de marqueurs du risque cardiovasculaire : marqueurs anthropométriques (poids, graisse corporelle) marqueurs sanguins inflammatoires (protéine C-réactive et fibrinogène) et lipidiques (taux de cholestérol HDL et LDL, triglycérides, ratio triglycérides/HDL), ainsi que les caractéristiques des particules lipidiques (concentration et taille). Les analyses tenaient compte des caractéristiques des participants, incluant leurs habitudes alimentaires et leur style de vie.
Moins d’inflammation et un profil lipidique plus favorable chez les hommes
Les hommes ayant l’apport d’AGS issus de produits laitiers le plus élevé présentaient un profil moins athérogène : moins d’inflammation (protéine C-réactive et fibrinogène réduits), un taux de HDL plus élevé, et un taux de triglycérides et un ratio triglycérides/HDL moins élevés. Leurs particules lipidiques présentaient également des propriétés moins athérogènes : les particules HDL et VLDL étaient plus grosses, avec une concentration plus dense pour les HDL et moins dense pour les VLDL. D’après la littérature, la prédominance de particules de LDL petites et denses est particulièrement athérogène, même chez des individus ayant des taux de cholestérol LDL dans la norme.
A noter, les AGS de sources non laitières n’étaient associés à aucune des variables étudiées.
Une différence principalement anthropométrique chez les femmes
Les femmes ayant l’apport d’AGS laitiers le plus élevé avaient un indice de masse corporelle plus faible (26,2 kg/m² pour le 5ème quintile versus 27,8 kg/m² pour le 1er quintile), et des particules de LDL plus grosses. Aucune différence n’était cependant observée sur le profil lipidique ni sur les biomarqueurs inflammatoires.
Les AGS provenant de sources autres que les produits laitiers n’étaient associés qu’au ratio triglycérides/HDL, qui était plus faible (donc plus favorable) chez les femmes consommant plus d’AGS non-laitiers.
En conclusion, les AGS issus de produits laitiers étaient associés à un profil cardio-métabolique moins à risque, en particulier chez les hommes, avec un profil moins inflammatoire et des marqueurs lipidiques plus favorables. Ces observations pourraient être en lien avec le profil varié des AGS laitiers (dont la chaîne carbonée peut être courte, moyenne ou longue, paire ou impaire, etc.), mais les auteurs n’excluent pas un effet des autres composants des produits laitiers (protéines ou minéraux par exemple).
Source : Yuan M, Singer MR, Pickering RT et al. Saturated fat from dairy sources is associated with lower cardiometabolic risk in the Framingham Offspring Study. Am J Clin Nutr, 2022, 116 (6):1682-1692. https://doi.org/10.1093/ajcn/nqac224.
Financement : Etude Framingham initialement financée par le National Heart, Lung, and Blood Institute. L’analyse a été subventionnée par le National Dairy Council. Les financeurs n’avaient aucun rôle dans le design de l’étude, la collection des données, l’analyse, l’interprétation des données ni la rédaction du rapport.