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Brève – L’alimentation peut-elle influencer la probabilité de tomber enceinte ?

La qualité du régime alimentaire ainsi que ses propriétés anti-inflammatoires sont associées à une meilleure fécondabilité, d’après l’analyse de deux cohortes.

Alors que 10 à 15 % des couples connaissent des problèmes d’infertilité1 dans les pays occidentaux, les facteurs possiblement impliqués (favorablement ou défavorablement) sont à l’étude. Dans ce contexte, des chercheurs ont évalué le lien entre la qualité du régime alimentaire et la fécondabilité, définie par la probabilité de tomber enceinte au cours d’un cycle non protégé. Cette étude a été menée chez des femmes de 18 à 45 ans souhaitant concevoir, et sans problème d’infertilité connu : 3 429 étaient issues de la cohorte danoise SF et 5 803 de la cohorte nord-américaine PRESTO. Les participantes renseignaient un questionnaire de fréquence alimentaire à l’inclusion dans l’étude, puis indiquaient si elles étaient enceintes au cours des 12 mois suivants.

 

Quatre scores alimentaires

Les chercheurs ont calculé le score d’adhérence des participantes à quatre régimes :

  • Le score aMed mesurant l’adhérence au régime méditerranéen (consommation élevée de légumes, légumineuses, fruits, oléagineux, poisson, céréales complètes ; ratio AGMI/AGS2 élevé ; consommation modérée d’alcool ; consommation faible de viande rouge ou transformée).
  • Deux scores évaluant l’adhérence aux recommandations alimentaires nationales :

– Le score DDGI (Danish Dietary Guidelines Index) pour la cohorte danoise (consommation élevée de fruits et légumes, poisson, céréales complètes ; consommation faible de viande rouge et transformée, AGS et sucres ajoutés).

– Le score HEI-2020 (Healthy Eating Index-2010) pour la cohorte nord-américaine (consommation élevée de fruits, légumes, légumineuses, aliments complets, produits laitiers, aliments protéiques, produits de la mer, protéines végétales, AGMI et AGPI ; faible apport d’AGS, céréales raffinées, sodium, et calories vides).

  • Le score DII (Diet Inflammatory Index) mesurant le potentiel inflammatoire du régime, selon sa composition nutritionnelle (vitamines, minéraux, acides gras…).

La fécondabilité associée au régime

Une meilleure adhérence aux recommandations alimentaires (score DDGI ou HEI-2020) était associée à une meilleure fécondabilité. Par ailleurs, l’adhérence au régime méditerranéen était associée à une meilleure fécondabilité dans la cohorte nord-américaine, mais pas dans la cohorte danoise. Enfin, un régime plus anti-inflammatoire était associé à une meilleure fécondabilité dans les deux cohortes (score DII). La significativité clinique de ces résultats reste toutefois à démontrer puisque l’augmentation du taux de fécondabilité était modérée pour les quatre scores (11 à 18 % pour les participantes ayant les scores les plus favorables). En perspective de leurs travaux, les chercheurs estiment que l’identification de modèles alimentaires favorables à la fécondabilité (plutôt que des nutriments ou des groupes d’aliments isolés), pourrait aboutir à des recommandations de santé publique pour les femmes en âge de procréer en période pré-conceptionnelle.

 

Source : Willis SK, Hatch EE, Laursen ASD, et al. Dietary patterns and fecundability in 2 prospective preconception cohorts. The American Journal of Clinical Nutrition, 2022.

1 Définie par l’OMS comme l’impossibilité d’aboutir à une grossesse après 12 mois ou plus de rapports sexuels non protégés réguliers.

2 AGS : acides gras saturés ; AGMI : acides gras monoinsaturés ; AGPI : acides gras polyinsaturés.