L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a proposé en 2003 une mise à jour des lignes directrices concernant une alimentation saine permettant la prévention des maladies chroniques et une augmentation subséquente de l’espérance de vie au niveau mondial. Quel impact des directives de l’OMS en terme de mortalité toutes causes confondues chez les personnes âgées en Europe et aux États-Unis ?
Les directives de l’OMS en matière d’alimentation saine en date de 1990 ont été traduites par l’intermédiaire du Healthy Diet Indicator (HDI). En 2003, l’OMS a mis à jour ces lignes directrices diététiques aux vues des dernières preuves scientifiques en date disponibles. L’objectif de la présente étude était d’évaluer l’association entre l’actualisation des directives de l’OMS en matière d’alimentation saine permettant de prévenir les maladies chroniques liées à l’âge, mesurée en utilisant le HDI comme indicateur d’une alimentation saine, et la mortalité toutes causes confondues chez des hommes et femmes âgés en Europe et aux États-Unis.
Les données initiales de 396 391 participants (dont 42% de femmes), âgés de 60 ans ou plus lors de leur inclusion, ont été recueillies ente 1988 et 2005 sur la base de 11 études de cohortes prospectives réalisées dans le cadre du Consortium on Health and Ageing: Network of Cohorts in Europe and the United States (CHANCES). L’objectif de ce Consortium était de combiner et d’intégrer des études de cohortes prospectives pour produire, améliorer et clarifier les éléments de preuve concernant les facteurs de distribution et de risque de maladies chroniques chez les personnes âgées et leurs implications socio-économiques (http://www.chancesfp7.eu/).
Concernant les méthodes d’évaluation des apports alimentaires, la plupart des cohortes appliquaient un questionnaire de fréquence alimentaire validé et la correspondance entre aliments – nutriments était réalisée en utilisant des tables de composition des aliments, spécifiques par cohorte. Sur cette base, le Healthy Diet Indicator (HDI) était alors calculé sur la base de 6 nutriments et 1 groupe d’aliments, sachant que le score pouvait varier de 0 (régime alimentaire le moins sain) à 70 (alimentation saine). En effet, pour améliorer la comparaison avec de précédentes études, les auteurs se sont concentrés sur les 7 composants de l’HDI, disponibles pour toutes les cohortes : pourcentage de l’apport énergétique provenant des acides gras saturés, acides gras polyinsaturés (PUFA), mono et disaccharides, protéines, cholestérol (mg / jour), fruits et légumes (g / jour), fibres alimentaires totales ou polysaccharides non amylacés (g / jour). Les cohortes étaient informées d’une partie ou de l’ensemble des recommandations diététiques de l’OMS.
Au cours de 4.497.957 personnes-années de suivi, 84 978 décès ont été enregistrés. Les scores médians de l’HDI variaient de 40 à 54 entre les cohortes. Pour une augmentation de 10 points du score de l’HDI (représentant l’adhésion à une directive de l’OMS supplémentaire), les ratios de risque étaient de 0,90 (95% intervalle de confiance (IC): 0,87-0,93) pour les hommes et les femmes combinés, de 0,89 (IC 95%: 0,85-0,92) pour les hommes et de 0,90 (IC 95%: 0,85-0,95) pour les femmes. Ces estimations se traduisent par une espérance de vie accrue de 2 ans à l’âge de 60 ans. Toutefois, certaines limites de l’étude sont à discuter, telles que la durée de suivi, la méthode d’évaluation diététique, l’évolution de l’alimentation durant le suivi, et la confusion émanant du fait que l’alimentation saine puisse être englobée dans un mode de vie sain.
En conclusion, une plus grande adhésion aux directives de l’OMS semble associée à une plus grande longévité chez les hommes et les femmes âgés en Europe et aux États-Unis. Ces résultats valident la pertinence des recommandations émises par l’OMS dans ce cadre et souligne l’importance d’assurer leur diffusion en vue de favoriser leur observance par la population mondiale.
Source : Adherence to a Healthy Diet According to the World Health Organization Guidelines and All-Cause Mortality in Elderly Adults From Europe and the United States Nicole Jankovic et al. American Journal of Epidemiology (2014) 180 (10): 978-988.