Consommer deux kiwis par jour dans le cadre d’une alimentation équilibrée pourrait modifier favorablement les niveaux de lipides plasmatiques d’hommes hypercholestérolémiques, un effet qui s’additionnerait aux bénéfices d’une alimentation équilibrée seule.
Le kiwi est un fruit riche en vitamine C et source de fibres. Il contient également des vitamines E, K, et B9 et divers phytomicronutriments (polyphénols et caroténoïdes).
L’objectif de cette étude contrôlée randomisée, réalisée en cross-over, était de tester l’hypothèse 1) d’un effet favorable de la consommation de kiwis sur le risque cardiovasculaire et 2) d’une différence de réponse à l’intervention en fonction de la variabilité des génotypes APOE (gène codant pour l’apolipoprotéine E). Dans la population générale, les porteurs de l’allèle APOE4 (25% de la population) auraient un risque cardiovasculaire jusqu’à 50% plus élevé, en comparaison aux porteurs du génotype APOE3/E3.
Un groupe de 87 Néo-zélandais âgés de 27 à 73 ans, de poids compris entre 60 et 161 kg et présentant des niveaux de LDL-cholestérol > 3 mmol/l et de triglycérides > 3 mmol/l, sans maladies chroniques diagnostiquées par ailleurs, ont été inclus dans cette étude. Parmi eux, 23 présentaient le génotype APOE4. Ils ont tous suivi, pendant la totalité de l’étude, les recommandations de la Fondation du cœur néo-zélandaise : «9 Steps to Eating for a Healthy Heart» (régime sain), qui insistent sur la consommation d’au moins deux portions de fruits par jour. Après 4 semaines de run-in (régime sain), les sujets ont été assignés aléatoirement à l’un des deux groupes suivants : groupe 1 (43 sujets), séquence de 4 semaines de régime sain puis 4 semaines d’intervention; groupe 2 (44 sujets), séquence de 4 semaines d’intervention puis 4 semaines de régime sain. L’intervention consistait à remplacer les deux portions quotidiennes de fruits par deux kiwis verts. 2 sujets ont été exclus de l’analyse des résultats en raison d’une moindre compliance (<80%) envers l’intervention.
Les résultats indiquent une diminution significative du poids, de l’IMC, du tour de taille, du ratio tour de taille/tour de hanche, après 4 semaines de régime sain. Certains marqueurs du risque cardiovasculaire sont également améliorés : diminution du LDL-cholestérol et augmentation du HDL-C. Le remplacement des deux portions de fruits quotidiennes par deux kiwis n’a pas entraîné de modifications supplémentaires du poids corporel, du LDL-C ou du cholestérol total (CT). En revanche, la consommation de kiwis conduit à des niveaux de HDL-cholestérol significativement plus élevés (différence de 0,04 mmol/l) et à un ratio cholestérol total/HDL-C inférieur, par rapport au régime témoin seul. Bien que la différence soit relativement faible, les auteurs suggèrent que l’intervention pourrait néanmoins se traduire par une réduction du risque cardiovasculaire de 3-6%. La consommation de kiwis chez les volontaires porteurs du gène APOE4 conduit à une diminution significative des taux de triglycérides, qui n’est pas observée chez les non-porteurs du gène APOE4.
De façon attendue, cette étude confirme qu’une alimentation équilibrée peut influer positivement sur le poids et la composition corporelle, ainsi que sur le bilan lipidique. Selon les auteurs, la consommation quotidienne de 2 kiwis pourrait présenter un intérêt supplémentaire pour améliorer le profil lipidique d’hommes hypercholestérolémiques. Il faut cependant noter que, les participants, pour les 3/4 en surpoids ou obèses, consommaient une demi-portion de fruit de plus par jour pendant la phase d’intervention, par rapport à la période contrôle : cette consommation supplémentaire peut être la cause de l’effet observé qui pourrait donc ne pas être entièrement lié aux spécificités du kiwi vert. D’autres études seraient donc nécessaires pour confirmer l’effet potentiel de la consommation de kiwis sur les marqueurs du risque cardiovasculaire et démontrer que des bénéfices similaires peuvent être observés chez les femmes.
Source : Kiwifruit consumption favourably affects plasma lipids in a randomized controlled trial in hypercholesterolaemic men. Gammon CS et al. (2013). British Journal of Nutrition 109:2208-2218.