Certes, le régime EAT-Lancet présente des limites. Mais nier le besoin de réduire la part des produits animaux dans les régimes n’est pas non plus une option « soutenable » face aux limites planétaires… Dans un article de point de vue, des chercheurs prennent une à une les problématiques soulevées par le régime EAT-Lancet et proposent des solutions pour les dépasser.
En 2019, la commission EAT-Lancet proposait le Planetary Health Diet (PHD), un régime « de référence » permettant de tendre vers un système alimentaire mondial durable, capable de nourrir 10 milliards d’êtres humains dans les limites planétaires, tout en réduisant le fardeau des maladies chroniques. Mettant l’emphase sur la nécessité d’une réduction drastique de la part des produits animaux dans les régimes, le PHD a fait l’objet de critiques, parmi lesquelles le risque ne pas couvrir certains besoins nutritionnels. Pour sortir du débat stérile opposant enjeux nutritionnels et environnementaux, des chercheurs proposent dans un article de point de vue une série de propositions destinées à pallier les lacunes du régime EAT-Lancet. Sept types de problématiques sont tour à tour pointées et adressées.
Combiner solutions traditionnelles et innovantes
Pour pallier la biodisponibilité réduite de certains micronutriments dans les régimes riches en végétaux, des techniques traditionnelles telles que le broyage, le trempage, la cuisson, l’autoclavage, la germination et la fermentation sont efficaces pour améliorer la biodisponibilité et réduire les facteurs antinutritionnels ; des combinaisons bien connues telles que l’association fer/vitamine C peuvent aussi favoriser l’absorption. Autre question affrontée sans détour, celle des aliments (ultra)transformés : si de nombreux produits ultra-transformés font bien entendu partie des aliments à limiter, certaines alternatives végétales (substitut de lait ou de viande) pourraient participer à réduire les consommations de produits animaux ; des recommandations (de formulation et de consommation) sur ces produits pourraient être envisagées.
Réintégration des aliments traditionnels locaux dans les régimes, politiques d’enrichissement et de supplémentation pour certaines populations, recommandations alimentaires « inclusives » pour ceux qui optent pour un régime végétalien, approche de type One Health ajoutant la santé animale à la santé des hommes et de la planète (jusqu’ici laissée de côté dans l’approche de la Commission EAT-Lancet) font partie des autres solutions préconisées, piochant aussi bien dans les savoir-faire traditionnels que dans les possibilités offertes par les nouvelles technologies.
Source : Klapp AL, Wyma N, Alessandrini R, Ndinda C, Perez-Cueto A, Risius A. Recommendations to address the shortfalls of the EAT-Lancet planetary health diet from a plant-forward perspective. Lancet Planet Health. 2025 Jan;9(1):e23-e33. doi: 10.1016/S2542-5196(24)00305-X.