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Brève – La mémoire de l’obésité gravée épigénétiquement dans les adipocytes

Il existerait une mémoire de l’obésité, reposant principalement sur des changements épigénétiques stables, dans les adipocytes de souris et probablement d’autres types de cellules. Avec à la clé des réponses pathologiques dans un environnement obésogène, contribuant à l’effet «yo-yo».

L’effet yoyo : telle est malheureusement l’issue relativement fréquente des pertes de poids. Comment expliquer cette reprise fréquente des kilos perdus ? Un article paru fin 2024 dans Nature, montre que certaines cellules, et notamment les adipocytes, peuvent conserver une mémoire épigénétique d’un état métabolique antérieur, en l’occurrence d’une période d’obésité. Comment les chercheurs ont-ils procédé ? A partir de biopsies d’individus souffrant d’obésité, avant et après une perte de poids significative (> 25%, avant et 2 ans après une chirurgie bariatrique). Les résultats montrent que de nombreux types cellulaires, mais principalement des adipocytes, ont conservé des changements transcriptionnels dans le tissu adipeux humain : autrement dit, l’épisode d’obésité a modifié les fonctionnalités et les réponses de la cellule aux stimuli métaboliques (maintien d’une inflammation accrue, …). Des modifications similaires sont observées dans les échantillons de souris prélevées avant et après la perte de poids.

 

Des modifications épigénétiques sur des milliers de loci

Mais surtout, ces travaux pointent les mécanismes en jeu : la période d’obésité a induit des changements épigénétiques au niveau de milliers de loci. Et beaucoup de ces changements persistent après la perte de poids : certains promoteurs de gènes sont restés activés après la perte de poids (alors qu’ils étaient moins actifs chez les témoins), d’autres sont restés silencieux alors qu’ils auraient dû s’activer une fois les kilos perdus ; de même, le paysage des amplificateurs, régions d’ADN qui peuvent fixer des protéines pour stimuler la transcription d’un gène, a été remodelé. Conséquence directe de ces modifications épigénétiques au niveau des promoteurs et amplificateurs : l’activation ou non de certains gènes, et donc une régulation différente du génome et des voies biologiques qui en découlent. Plus précisément, ces changements épigénétiques semblent inciter les cellules à répondre de manière pathologique à un environnement obésogène et pourraient faciliter la reprise de poids. Avec néanmoins un espoir : cibler ces changements pourrait potentiellement améliorer la gestion du poids à long terme.

Source : Hinte, L.C., Castellano-Castillo, D., Ghosh, A. et al. Adipose tissue retains an epigenetic memory of obesity after weight loss. Nature (2024). https://doi.org/10.1038/s41586-024-08165-7

Figure issue du laboratoire des auteurs https://epigenetics.ethz.ch/news/nme-news/2024/11/our-newest-paper-is-out-adipose-tissue-retains-an-epigenetic-memory-of-obesity-after-weight-loss.html