Des chercheurs australiens ont utilisé les données de consommation de leur pays pour éprouver la théorie selon laquelle la recherche de protéines dans un environnement alimentaire « dilué » pour ce nutriment, c’est-à-dire riche en aliments gras et sucrés et pauvres en protéines, pourrait être une cause d’obésité.
Chez de nombreuses espèces, alors que les proportions de lipides et glucides connaissent des variations importantes dans le régime d’un jour à l’autre, les apports en protéines se situent dans des plages d’apports relativement étroites et constantes, suggérant une priorisation de la régulation des apports en protéines par l’organisme. Or, dans l’environnement alimentaire actuel, ce mécanisme pourrait être l’un des leviers impliqués dans l’épidémie d’obésité, selon une théorie connue sous le nom de « Protein Leverage Hypothesis » (PLH). D’après celle-ci, les surconsommations de glucides, lipides et d’énergie seraient une conséquence de la recherche de protéines dans des aliments trop « dilués » en protéines, mais riches en sucres et matières grasses, tels que les aliments ultra-transformés qui constituent désormais une partie importante de l’offre alimentaire. Des chercheurs australiens ont voulu tester la validité de cette théorie à partir des données nationales de consommation de leur pays, réunissant plus de 9 000 adultes. L’analyse des apports en protéines au cours de la journée conforte l’existence d’un mécanisme fort de régulation des apports en ce nutriment, avec des compensations à la baisse et à la hausse en cas d’apports élevés ou faibles, respectivement, plus tôt dans la journée. En accord avec la Protein Leverage Hypothesis, les chercheurs observent des apports en énergie, glucides et lipides plus élevés dans les régimes les moins riches en protéines, ainsi qu’une consommation (en kcal) plus grande de produits gras et sucrés1. L’implication de ces produits dans l’effet de dilution des protéines est corroborée par une dernière analyse : lorsque l’on compare les tertiles de consommateurs selon leur niveau de consommation de produits gras et sucrés, l’apport en protéines en valeur absolue est le même dans tous les tertiles tandis que l’énergie consommée augmente avec la quantité d’aliments gras et sucrés consommés.
Si ces données sont bien sûr insuffisantes pour démontrer que la recherche de protéines dans un environnement alimentaire « dilué » en ce nutriment est une cause d’obésité, elles viennent s’ajouter à un faisceau d’éléments pointant dans cette direction.
Source : Grech A, Sui Z, Rangan A, Simpson SJ, Coogan SCP, Raubenheimer D. Macronutrient (im)balance drives energy intake in an obesogenic food environment: An ecological analysis. Obesity (Silver Spring). 2022 Nov;30(11):2156-2166. doi: 10.1002/oby.23578.
1 Discretionary food, dans la publication, qui correspondent aux aliments ‘non indispensables’ , par opposition aux 5 autres groupes alimentaires définies par les autorités de santé australienne (fruits légumes, produits laitiers viande, produits céréaliers)