Une étude australienne chez la souris suggère que la surconsommation chronique de sucre dès l’adolescence pourrait favoriser le développement d’une hyperactivité et de troubles neurocognitifs à l’âge adulte.
Des données chez le rongeur ont suggéré que l’excès chronique de consommation de saccharose dès l’adolescence pourrait, sur le long terme, favoriser un comportement de type addictif et anxieux, et altérer l’apprentissage. Dans une nouvelle étude, des scientifiques australiens ont exploré les effets de ce sucre sur la locomotricité, l’anxiété, la mémoire et la neurogénèse de l’hippocampe à l’aide d’un modèle murin mâle suivi jusqu’à l’âge adulte.
L’excès chronique de saccharose pourrait générer une hyperactivité
Pendant 12 semaines, une boisson contenant 25 % de saccharose était proposée aux animaux en libre accès aux côtés de leur eau de boisson habituelle. Les souris consommaient 80 à 90 g/kg/jour de saccharose et avaient pris en moyenne 10,6 % de poids de plus que les souris buvant uniquement de l’eau à l’issue des 12 semaines.
Les souris exposées au saccharose ne présentaient pas plus de symptômes d’anxiété ou dépressifs que les souris exposées uniquement à l’eau lors des tests comportementaux. En revanche, elles avaient une activité locomotrice plus importante (distance parcourue plus longue) et plus rapide, accompagnée d’un moindre contrôle de leur impulsivité (moindre résistance à la nourriture dans un environnement anxiogène).
… altérer la mémoire épisodique et spatiale
Lors d’un test de nage pour rejoindre une plateforme, l’apprentissage des souris exposées au saccharose n’était pas altéré lorsque la plateforme était visible. En revanche, lorsqu’elle était cachée, les souris exposées au saccharose mettaient plus de temps que les autres à la trouver, suggérant que leur mémoire épisodique et spatiale était affectée.
…réduire la neurogenèse de l’hippocampe
Dans l’hippocampe des souris exposées au saccharose, les chercheurs notaient une réduction de la prolifération des cellules du gyrus denté mais pas de changement des neuroblastes différenciés. La consommation de saccharose pourrait ainsi affecter les stades précoces de la neurogénèse.
Réduire l’accès au saccharose atténue les altérations neurocognitives
Enfin, les souris qui n’avaient accès à la boisson contenant du saccharose que 2 h par jour en consommaient 4 fois moins que celles qui n’étaient pas limitées. Après 12 semaines, elles ne prenaient pas de poids supplémentaire par rapport aux souris témoins, n’avaient pas de comportements de type anxieux ou dépressif, ni de déficit du contrôle de la résistance à la nourriture, pas d’altération de la mémoire, ni de changement de la neurogénèse de l’hippocampe. Cependant, elles présentaient tout de même une hyperactivité.
Cette étude montre pour la première fois chez la souris que la surconsommation chronique de saccharose (de l’ordre de 80 g par kg par jour dans ce modèle animal) dès l’adolescence conduit à une prise de poids, à des troubles de la mémoire, à une hyperactivité et une impulsivité accrue, associés à une altération de la neurogénèse de l’hippocampe à l’âge l’adulte. Elle rapporte également qu’une réduction des consommations de saccharose par 4, en réduisant les périodes d’accès, pourrait limiter ces altérations.
Source : Beecher K, Alvarez Cooper I, Wang J, Walters SB, Chehrehasa F, Bartlett SE, Belmer A. Long-Term Overconsumption of Sugar Starting at Adolescence Produces Persistent Hyperactivity and Neurocognitive Deficits in Adulthood. Front Neurosci. 2021 Jun 7;15:670430.