Selon les données de la vaste cohorte américaine NHANES, les individus qui marchent le plus réduisent leur risque de mortalité.
Les données indiquant un effet bénéfique de la marche sur la mortalité sont pour la plupart issues de petites études auprès de populations âgées ou présentant des pathologies spécifiques. Leurs résultats ne peuvent donc pas être généralisés. Quant à l’effet majoré d’un rythme de marche soutenu, il n’est pas systématiquement observé. Des chercheurs ont donc voulu faire le point sur les relations entre la marche et son intensité et la mortalité de sujets d’âge moyen issus d’une large cohorte.
Des accéléromètres pour quantifier les pas
Les données de la cohorte américaine NHANES ont été exploitées. Entre 2003 et 2006, des participants de plus de 40 ans ont été invités à porter un accéléromètre durant la journée. Le nombre de pas et la vitesse de la marche (nombre de pas /minute) ont été mesurés sur une période de 7 jours. La mortalité de ces sujets a été suivie jusqu’en 2015.
La mortalité diminue avec le nombre de pas…
L’analyse a porté sur 4 840 sujets de 56 ans en moyenne, dont 54 % de femmes, marchant en moyenne 9 124 pas par jour. Au cours des 10 ans de suivi moyen, 1 165 décès ont été rapportés dont 406 liés à des maladies cardiovasculaires et 283 par cancers.
L’étude révèle qu’un plus grand nombre de pas quotidiens était significativement associé à une moindre mortalité toute cause, par maladie cardiovasculaire et par cancer. Comparés à des petits marcheurs (4 000 pas/jour), les marcheurs moyens (8 000 pas/jour) présentaient un risque de mortalité réduit de 50 % environ et les grands marcheurs (12 000 pas/jour) de 65 %. Au contraire, les très petits marcheurs (< 2 000 pas/jour) augmentaient leur risque de mortalité de 50 % environ. Ceci était vrai quels que soient le sexe, l’âge (< 50 ans ou > 65 ans) ou l’origine ethnique des participants. De même, les risques de mortalité par maladies cardiovasculaires ou par cancers étaient moindres chez ceux qui marchaient 8 000 pas par jour, comparé à ceux qui marchaient moitié moins.
…mais n’est pas associée avec la vitesse de marche
En revanche, la vitesse de marche ne semblait pas apporter de bénéfice supplémentaire lorsqu’elle était ajustée sur le nombre total de pas par jour. À noter toutefois, dans cette étude, ceux qui faisaient le plus de pas étaient aussi ceux qui marchaient le plus vite. Ainsi, ces résultats suggèrent que le nombre de pas importe plus que la vitesse de marche bien qu’en pratique marcher plus vite permet de faire plus de pas dans une journée.
Ces données, qui présentent quelques limites notamment liées aux performances de l’accéléromètre, restent observationnelles et n’établissent aucune relation de causalité, même si les bienfaits de l’activité physique, qu’elle soit sportive ou ancrée dans le quotidien, sont aujourd’hui bien connus.
Source : Saint-Maurice PF, Troiano RP, Bassett DR Jr, Graubard BI, Carlson SA, Shiroma EJ, Fulton JE, Matthews CE. Association of Daily Step Count and Step Intensity With Mortality Among US Adults. JAMA. 2020 Mar 24;323(12):1151-1160.