Arrêter de consommer de la viande rouge permet-il de réduire le risque cardiovasculaire ? Tout dépend des aliments qui viennent se substituer à la viande dans le régime… Une méta-analyse fait le point.Les résultats des essais contrôlés randomisés (ECR) évaluant l’effet de la viande rouge sur les facteurs de risque de maladies cardiovasculaires (MCV) sont contradictoires. C’est pourquoi une équipe de recherche américaine a conduit une méta-analyse regroupant 36 études. Objectifs : déterminer si les divers effets observés ne dépendraient pas de la composition du régime alimentaire de comparaison et, si oui, identifier les aliments de substitution les plus favorables à la santé cardiovasculaire.
De nombreux candidats en remplacement de la viande rouge
Les auteurs ont tout d’abord effectué une recherche systématique sur PubMed jusqu’en juillet 2017. Leur cible ? Les ECR comparant des régimes alimentaires à base de viande rouge (et non de viande transformée – charcuterie – souvent prise en compte dans les études sur la viande aux Etats-Unis) à des régimes la remplaçant par d’autres aliments. Ils ont ensuite classé les régimes de comparaison en distinguant (1) les sources de protéines végétales de haute qualité (légumineuses, soja, noix), (2) la viande blanche (volaille et poisson), (3) le poisson uniquement, (4) la volaille uniquement, (5) les sources de protéines animales mixtes (dont les produits laitiers) et (6) les glucides (céréales raffinées de faible qualité et sucres simples, tels que le pain blanc, les pâtes, le riz, les biscuits). Les facteurs de risque de MCV pris en compte étaient les variations des taux de lipides sanguins (triglycérides, cholestérol total, HDL et LDL) et d’apolipoprotéines (A1 et B), ainsi que les changements de pression artérielle, observés selon les régimes de comparaison.
Oui aux protéines végétales de haute qualité
Sur les 99 ECR sélectionnées, seuls 36 ont été retenus (n = 1803 participants). Leur analyse montre que la consommation de viande rouge n’influence pas davantage les facteurs de risque cardiovasculaire considérés que les régimes de comparaison lorsque ceux-ci sont analysés ensemble : la viande rouge entraînait uniquement une moindre diminution du taux de triglycérides.
En revanche, supprimer la viande rouge s’accompagne d’effets soit bénéfiques soit délétères sur les facteurs de risque cardiovasculaire lorsque les régimes de substitution étaient considérés de manière indépendante. Ainsi, tandis que le remplacement de la viande rouge par des sources de protéines végétales de haute qualité abaisse les taux de cholestérol total et LDL, sa substitution par des glucides de faible qualité provoque une hausse des triglycérides. De même, d’après cette analyse, remplacer la viande par du poisson augmente (curieusement) les taux de cholestérol LDL et HDL.
Veiller à la qualité nutritionnelle du régime
Selon les auteurs, ces différents effets des aliments de substitution expliquent les contradictions relevées dans les études cherchant à évaluer les effets de la viande rouge sur les facteurs de risque de MCV. Comme ils l’ont supposé, c’est bien la composition du régime de substitution qui détermine l’effet de la suppression de la viande rouge sur les paramètres cardiovasculaires étudiés. Aussi, s’il peut s’avérer bénéfique pour la santé cardiovasculaire de remplacer la viande rouge par des aliments à base de protéines végétales de haute qualité, le remplacement de cet aliment à haute valeur nutritionnelle peut avoir des effets inverses selon les aliments de substitution choisis.
Source : Guasch-Ferré M, Satija A, Blondin SA, Janiszewski M, Emlen E, O’Connor LE, Campbell WW, Hu FB, Willett WC, Stampfer MJ. Meta-Analysis of Randomized Controlled Trials of Red Meat Consumption in Comparison With Various Comparison Diets on Cardiovascular Risk Factors. Circulation. 2019 Apr 9;139(15):1828-1845. doi: 10.1161/CIRCULATIONAHA.118.035225.