Dans une étude chez la souris, le régime alimentaire consommé par les pères avant la conception influence l’adiposité des femelles et le comportement des mâles de la descendance. En cause ? L’équilibre du régime en macronutriments, lui-même en interaction avec l’apport énergétique.
Des études conduites chez les rongeurs ont montré que le régime paternel – comme par exemple : un régime « occidental », ou un régime pauvre en protéines ou en calories, etc. – peut impacter la santé et le risque de maladie dans la descendance. Toutefois, en raison des schémas expérimentaux utilisés dans ces études (ex : groupe régime occidental versus groupe témoin), peu d’entre elles sont parvenues à identifier les rôles individuels des composants du régime réellement actifs dans de telles manipulations nutritionnelles : par exemple, lorsque l’on impose un régime occidental à des souris mâles, les effets métaboliques observés dans la descendance sont-ils liés à des apports élevés en graisses, en sucres, en calories, ou à une combinaison de ces facteurs ? Dans une étude récente, un schéma expérimental1 permettant de démêler les effets individuels et les interactions entre ces différents facteurs a été mis en place. Pour cela, des souris mâles ont été soumises à 10 régimes isocaloriques avec des proportions variables de protéines (7 à 50 % des calories), de lipides (15 à 60 %) et de glucides (20 à 78 %), pendant 18 semaines avant l’accouplement.
Des effets différents selon le sexe de la descendance
Les chercheurs mettent en évidence des effets différents des régimes paternels selon le sexe de la descendance : chez les descendants mâles, des comportements anxieux était observés lorsque le régime du père était pauvre en protéines et riche en glucides ; chez les descendantes femelles, un régime du père riche en graisses entraînait une augmentation de l’adiposité. Les chercheurs ont également pu ajuster leurs modèles sur les calories réellement consommées par les pères, en fonction des pourcentages de macronutriments dans le régime proposé (ad libitum) : en effet, les régimes à faibles teneurs en protéines favorisaient des ingestas plus importants (effet de « dilution protéique », voir notre précédente brève à ce sujet). Ils montrent ainsi que l’adiposité des femelles de la descendance est à son plus haut niveau lorsque les pères reçoivent un régime à la fois riche en graisses et glucides et pauvre en protéines. Ainsi, les effets du régime paternel, et leur importance, semblent résulter de l’équilibre du régime en macronutriments, lui-même en interaction avec l’apport énergétique. Ces travaux pourraient être utilisés comme base pour des études visant à élaborer des recommandations alimentaires pour la période de préconception.
Source : Crean AJ, Senior AM, Freire T, Clark TD, Mackay F, Austin G, Pulpitel TJ, Nobrega MA, Barrès R, Simpson SJ. Paternal dietary macronutrient balance and energy intake drive metabolic and behavioral differences among offspring. Nat Commun. 2024 Apr 6;15(1):2982. doi: 10.1038/s41467-024-46782-y.
1 Le Nutritional Geometry Framework (Simpson et al., 2017).