L’Anses publie un rapport d’expertise dans l’objectif de préciser les mesures les plus appropriées à mettre en œuvre dans le domaine de la santé animale pour une politique efficace de lutte contre l’antibiorésistance.
Le développement de la résistance aux antibiotiques est une préoccupation majeure en termes de santé humaine et animale. En effet, son évolution remet en question l’efficacité de ces médicaments et peut aggraver le pronostic de certaines maladies infectieuses, avec des conséquences importantes en santé humaine.
Dans ce contexte, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) s’est autosaisie afin de conduire une évaluation des risques d’émergence d’antibiorésistances liés aux modes d’utilisation des antibiotiques dans le domaine vétérinaire, concernant différentes productions animales (ruminants, porcs, volailles, lapins et poissons) ainsi que chez les chevaux et animaux de compagnie.
L’avis et le rapport d’expertise publiés en date du 20 juin 2014 apportent des recommandations pour chaque filière ou espèce animale, complémentaires des actions actuellement prévues dans le projet de Loi d’Avenir pour l’agriculture et dans le plan Ecoantibio 2017*.
Si le traitement antibiotique curatif constitue la solution la plus appropriée pour traiter les animaux malades, d’autres modalités d’utilisation des antibiotiques sont mises en œuvre dans les élevages comme le traitement préventif qui est appliqué à des animaux sains, exposés à un facteur de risque de maladie infectieuse. Les experts de l’Anses soulignent que lors d’un traitement préventif, le risque d’induire de la résistance chez les bactéries des flores commensales est présent chez tous les animaux traités alors que le bénéfice thérapeutique est dépendant de l’élimination effective de la bactérie pathogène dont la présence n’est que suspectée. Le rapport bénéfice-risque des traitements préventifs apparaît donc comme défavorable en matière de risque de résistance aux antibiotiques, hormis pour certains usages spécifiques.
Les travaux relatifs à cette autosaisine ont également fait ressortir la nécessité de :
-réserver l’usage des antibiotiques de dernière génération (céphalosporines et fluoroquinolones de 3ème et 4ème générations), à des situations particulières, préalablement identifiées par filières et strictement encadrées ;
-privilégier l’utilisation des antibiotiques à spectre étroit, en ciblant précisément la bactérie visée.
L‘Anses rappelle en outre que la lutte contre l’antibiorésistance passe également par le développement d’alternatives à l’usage de ces molécules.
En savoir plus : Dossier sur l’antibiorésistance
*Le ministère en charge de l’agriculture a initié en 2011 un plan national de réduction de l’utilisation des antibiotiques en médecine vétérinaire pour la période 2012-2017, appelé Ecoantibio 2017, de manière à coordonner et potentialiser les efforts de tous les acteurs impliqués dans la lutte contre l’antibiorésistance.