Consommer ses trois repas entre 8 h et 14 h, et non entre 8 h et 20 h, réduit le taux de ghréline mais ne modifie pas la dépense énergétique. Un chronotype décalé vers le début de la journée pourrait ainsi réduire la prise alimentaire, expliquant la perte de poids observée dans certaines études. Dans plusieurs études de cohortes et essais d’intervention, le fait de manger plus tôt dans la journée a été associé à une perte de poids. Faut-il l’attribuer à une dépense énergétique accrue ou à une moindre prise alimentaire ? Pour le savoir, des chercheurs ont comparé les effets de deux rythmes alimentaires chez 11 participants américains (IMC moyen = 30 kg/m²), selon un design en cross-over randomisé : trois repas consommés entre 8 h et 14 h (eTRF pour early Time-Restricted Feeding) versus trois repas consommés entre 8 h et 20 h. Après deux jours leur permettant de s’habituer au rythme alimentaire imposé, le 3e jour, les sujets des deux bras de l’étude recevaient les mêmes repas mais à des horaires différents. Le 4e jour se déroulait en chambre calorimétrique pour la mesure de la dépense énergétique. Après quelques semaines, les sujets répétaient l’expérience en se calant sur l’autre rythme alimentaire.
Résultats ? La dépense énergétique sur 24 h ne différait pas en fonction du rythme des repas. En revanche, le taux de ghréline sur l’ensemble de la journée était significativement réduit en cas de régime eTRF (Δ = 32 ± 10 pg/mL ; p = 0,006), suggérant un moindre appétit. Toutefois, les scores mesurant le ressenti des sujets pour différentes dimensions de l’appétit (faim, satiété ou désir de manger) peinaient à atteindre des différences significatives. L’eTRF a également augmenté la flexibilité métabolique (c’est-à-dire la capacité à adapter l’oxydation des substrats selon l’état physiologique, à jeun ou nourri, p = 0,0006) et diminué le quotient respiratoire non protéique sur 24 h (Δ = – 0,021 ± 0,010 ; p = 0,05), suggérant une augmentation de l’oxydation des lipides sur 24 h. In fine, si décaler ses repas vers le début de la journée aide à perdre du poids, cela semble passer davantage par une diminution de l’appétit que par une augmentation de la dépense énergétique. Par ailleurs, cela pourrait conférer des avantages métaboliques supplémentaires en améliorant l’oxydation des substrats énergétiques. Les données à l’appui dans cette étude restent toutefois fragiles et mériteraient confirmation.
Source : Ravussin E, Beyl RA, Poggiogalle E, Hsia DS, Peterson CM. Early Time-Restricted Feeding Reduces Appetite and Increases Fat Oxidation But Does Not Affect Energy Expenditure in Humans. Obesity (Silver Spring). 2019 Aug;27(8):1244-1254. doi: 10.1002/oby.22518.