Le fait de présenter des aliments peu appréciés sous forme de portions préétablies pourrait orienter favorablement le comportement des consommateurs en limitant le nombre d’occasions où l’on décide de continuer ou non à manger. C’est ce que suggère une étude ayant utilisé le chou-fleur comme modèle. Et si changer la façon de présenter les légumes dans l’assiette suffisait à faire augmenter leur consommation ? C’est l’hypothèse qu’a testée une équipe américaine sur un légume souvent peu apprécié : le chou-fleur. Dans deux études successives, ils ont ainsi exposé aléatoirement 342 étudiants à l’une ou l’autre des conditions suivantes : des bouquets de chou-fleur présentés sur une seule assiette versus des bouquets de chou-fleur présentés dans plusieurs barquettes (i.e. portions individuelles). Résultats ? Bien que les quantités totales moyennes de chou-fleur consommées dans l’une ou l’autre de ces conditions ne diffèrent pas, le fait de présenter ce légume sous forme de portions individuelles diminuait le nombre de sujets ne consommant qu’un seul bouquet de chou-fleur. Dans une des deux études, on observait également une augmentation du nombre d’individus consommant la totalité des bouquets contenus dans une barquette.
Ces effets reposeraient sur deux principes théoriques agissant de concert. D’une part, le fait de présenter les aliments sous forme de portions préétablies limiterait le nombre de fois où un sujet doit prendre la décision d’en manger (« initiation »). D’autre part, il existerait chez l’Homme une tendance naturelle à terminer les portions individuelles qui lui sont présentées. Ainsi quand les bouquets de chou-fleur sont présentés dans l’assiette, la question de continuer à en consommer se pose à chaque bouchée, alors qu’en cas de présentation sous forme de portions individuelles ne contenant que quelques bouquets, la question ne se pose que lorsque le sujet entame un nouveau contenant. À noter que l’effet inverse se produirait pour des aliments prisés comme le chocolat : le présenter sous forme de petites portions individualisées inciterait à en réduire la consommation en augmentant le nombre de fois où il faut décider si l’on continue ou non à en manger (« inhibition »).
Source : Michelle R. vanDellen, Janani Rajbhandari-Thapa, Julio Sevilla. Does serving vegetables in partitioned portions promote vegetable consumption? Food Quality and Preference, Volume 78, 2019.