L’obésité maternelle pourrait être associée à des changements dans le métabolome du lait maternel, induisant des mécanismes potentiels de transmission de l’obésité de la mère au nourrisson.Le surpoids, qui touche 40 % des femmes enceintes en Amérique du Nord, pourrait être responsable de 12 à 15 % des risques d’obésité chez les enfants. Des chercheurs américains ont émis l’hypothèse que certains métabolites transmis par le lait maternel pourraient jouer un rôle dans la survenue de l’obésité infantile. Pour tester cette hypothèse, ils ont sélectionné 31 femmes enceintes souhaitant allaiter exclusivement leur enfant pendant 6 mois et les ont divisées en 2 groupes selon leur IMC (< ou > à 25 kg/m2). Un mois et 6 mois après l’accouchement, les chercheurs ont collecté leur lait et analysé leur métabolome (275 métabolites), tandis que les enfants étaient mesurés, pesés et leur adiposité analysée.
Le métabolome du lait maternel, une piste à explorer
Un mois après l’accouchement, les nourrissons de mères en surpoids que ceux des mères minces, et 10 métabolites du lait maternel (majoritairement des oligosaccharides et des nucléotides, en particulier la purine et la pyrimidine) différaient entre les deux groupes, avec des corrélations positives entre l’un d’eux, l’adénine, et l’IMC maternel. À 6 mois post-partum, les différences de percentiles de poids et de composition corporelle entre les enfants des deux groupes étaient plus faibles, mais les compositions des laits différaient davantage, avec des écarts significatifs pour 20 métabolites (p<0,05), dont le 1,5-anhydroglucitol (un sucre monosaccharide), jusqu’alors non décrit dans le lait maternel, mais surreprésenté à 1 et 6 mois chez les mères en surpoids.
Les auteurs reconnaissent les limites de leur étude (faible effectif, analyse transversale, quid des autres composants du lait…), mais affirment que obésité maternelle et signature métabolomique du lait doivent être associés. Selon eux, les changements de composition du lait liés à l’obésité maternelle pourraient moduler l’acquisition du microbiome du nourrisson à un mois ; quant à la signature métabolomique trouvée à 6 mois, elle rappellerait les signatures plasmatiques de l’obésité et du diabète de type 2.
Source : Isganaitis E, Venditti S, Matthews TJ, Lerin C, Demerath EW, Fields DA. Maternal obesity and the human milk metabolome. Am J Clin Nutr. 2019 ; 00:1-10. https://doi.org/10.1093/ajcn/nqy334.