Les résultats d’une récente approche protéomique montrent que le niveau de consommation d’acides gras oméga 3 pourrait modifier l’expression de la régucalcine, une protéine clé impliquée dans les perturbations du métabolisme lipidique.
De nombreuses données ont montré qu’une consommation optimisée d’acides gras polyinsaturés oméga 3 (AGPI n-3) pourrait contribuer à améliorer certains troubles métaboliques tels que l’insulinorésistance et jouer un rôle favorable dans la prévention des maladies cardiovasculaires. En revanche, les connaissances concernant les mécanismes de régulation des voies métaboliques par les AGPI n-3 font défaut.
Dans cette étude, l’effet des AGPI n-3 a été évalué par une approche protéomique. Les protéines extraites du foie de souris ont été séparées, quantifiées et identifiées en combinant les techniques d’électrophorèse bidimensionnelle (gel polyacrylamide 2D) et de chromatographie liquide couplée à la spectrométrie de masse en tandem (LC-MS/MS). Les deux régimes expérimentaux consommés pendant 4 mois à compter du sevrage différaient par leur taux d’AGPI n-3 : 10% des apports en lipides totaux dans le régime «riche en oméga 3» (n=4) et 2% dans le régime «pauvre en oméga 3» (n=4). Des mélanges à base d’huile de poisson, saindoux, huile de carthame et huile d’olive étaient utilisés pour ajuster les teneurs en AGPI n-3. Les taux d’acides gras saturés, monoinsaturés et polyinsaturés totaux étaient comparables dans les deux groupes.
Au niveau plasmatique, un apport élevé en AGPI n-3 était associé à des concentrations de TG et d’acides gras non estérifiés plasmatiques plus faibles.
Sur les 275 protéines détectées sur les gels 2D, 59 spots différaient entre les deux régimes, avec un facteur de différence compris entre 2 et 9. Parmi les principaux résultats des analyses protéomiques, l’expression protéique de la régucalcine était significativement diminuée dans le groupe nourri à base du régime riche en AGPI n-3. Cette observation est cohérente avec de précédentes études associant une expression augmentée de la régucalcine dans le foie à des perturbations du métabolisme lipidique. Inversement, une diminution de l’expression d’enzymes impliquées dans le métabolisme des glucides ou dans le cycle de Krebs (dont l’ornithine aminotransférase, enzyme catalysant l’inter-conversion de l’ornithine en L-glutamate semialdéhyde) était observée avec un apport élevé en AGPI n-3. Ces altérations simultanées suggèrent l’existence d’une régulation intégrée, notamment de ces différentes voies métaboliques.
Les résultats de cette étude, bien que portant sur un faible effectif d’animaux suggèrent un rôle fonctionnel important des AGPI n-3 d’origine alimentaire dans la régulation des voies métaboliques au niveau du foie. D’après les auteurs, les protéines modifiées par le niveau de consommation en AGPI n-3 représentent des cibles potentielles pour développer des stratégies thérapeutiques de lutte contre les altérations métaboliques. Les AGPI n-3 sont nécessaires au développement et au fonctionnement de la rétine, du cerveau et du système nerveux d’où l’intérêt de mener des études dans d’autres tissus que le foie.
Source : Novel regulatory roles of omega-3 fatty acids in metabolic pathways: a proteomics approach. Ahmed et al. Nutrition & Metabolism 2014, 11:6.