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Une adhésion élevée aux scores de qualité alimentaire et nutritionnelle a-t-elle un impact sur la mortalité à moyen terme chez des seniors ? Résultats de deux études prospectives

Les liens entre l’alimentation et la santé sont de plus en plus étudiés à l’aide de méthodes permettant d’appréhender l’alimentation dans sa globalité, notamment à l’aide de scores définis par rapport à des recommandations nutritionnelles et/ou alimentaires ou par rapport à des régimes particuliers. Il existe de très nombreux scores dont on ne connaît pas toujours les liens avec la mortalité, globale ou par cause. Deux nouvelles études ont comparé les associations de différents scores nutritionnels avec la mortalité globale, par maladies cardio-vasculaires et par cancer au sein de populations âgées.

 

Une étude anglaise a analysé l’association entre deux scores et la morbidité et mortalité cardiovasculaire dans la cohorte British Regional Heart Study. Au total, 3 328 hommes âgés de 60-79 ans, indemnes de pathologies cardiovasculaires, ont été suivis sur une durée moyenne de 11,3 ans. Sur cette période, 933 décès dont 327 par maladies cardiovasculaires (MCV), 582 événements cardiovasculaires et 307 événements coronariens ont été observés. Un questionnaire de fréquence alimentaire validé de 86 items posé à l’inclusion a permis de générer deux scores alimentaires : le Healthy Diet Indicator (HDI), basé sur les recommandations – principalement nutritionnelles (acides gras saturés, polyinsaturés, fibres, protéines, glucides…) de l’Organisation Mondiale de la Santé  et le Elderly Dietary Index (EDI), basé sur les principes du régime méditerranéen (viandes, poissons, légumes, légumineuses, fruits…). Comme souvent, ces index ont été modifiés pour être adaptés à la population britannique. Des scores plus élevés indiquaient une meilleure adéquation aux recommandations. Concernant l’EDI, les hommes appartenant au plus haut quartile comparé à ceux du plus bas quartile présentaient un risque de mortalité globale et par MCV plus faible (HR=0,75; IC95 : 0,60-0,94, p=0,03 et HR=0,63; IC95 : 0,42-0,94, p=0,03) ainsi qu’un nombre d’évènement coronarien réduit (HR=0,66  IC95 : 0,45-0,97). Le HDI n’était significativement associé à aucun des effets étudiés. L’EDI, basé sur la consommation alimentaire semble plus pertinent que le HDI, plutôt basé sur les apports nutritionnels, pour évaluer l’association entre la qualité de l’alimentation et le risque cardiovasculaire chez l’homme âgé.

La seconde étude a analysé l’association entre 4 scores utilisés aux Etats-Unis : Healthy Eating Index 2010 (HEI-2010), Alternate Mediterranean Diet (aMED), Alternative Healthy Eating Index 2010 (AHEI-2010) et Score Dietary Interventions to Stop Hypertension (DASH) et la mortalité globale et par cause (cardiovasculaire et cancer) à partir de données de la cohorte américaine NIH-AARP Diet & Health Study. De façon similaire à l’étude précédente, les scores étaient calculés à partir des réponses à un questionnaire de fréquence alimentaire validé de 124 items posé à l’inclusion. L’analyse finale a porté sur 424 662 hommes et femmes, âgés de 50 à 71 ans à l’inclusion, suivis 15 ans en moyenne pendant lesquels 86 419 décès dont 23 502 par maladies cardiovasculaires et 29 415 par cancers ont été observés. Quel que soit l’indice étudié, des scores plus élevés (20% les plus élevés vs 20% les plus bas) étaient associés à une diminution de 12 à 28 % du RR de mortalité globale, cardiovasculaire et par cancer chez les hommes et les femmes.

Ces deux études apportent de nouvelles données relatives à la population âgée basées sur des approches standardisées par scores multiples mais elles soulèvent néanmoins de nombreuses questions quant à l’interprétation des résultats.

Au sujet du premier article : bien qu’il constitue un mode alimentaire équilibré plutôt favorable à la santé, le régime méditerranéen ne relève pas de recommandations nutritionnelles. De plus, il existe près d’une dizaine de versions du score méditerranéen, les habitudes de consommation étant spécifiques de la population étudiée ce qui en rend l’appellation discutable. Concernant le second article : selon les scores, l’ajustement sur l’apport énergétique est fait a priori (HEI-2010) ou a posteriori dans le modèle analytique d’où un biais limitant la comparaison des méthodes entre elles.

Les deux études ont évalué l’alimentation uniquement à l’inclusion or il est possible que les sujets aient modifié leur alimentation surtout à cette période de la vie avec le passage à la retraite et le développement (ou simplement leur dépistage) de pathologies chroniques. En outre il peut être légitime de se demander si le score alimentaire ne reflète pas plus généralement un mode de vie particulier.

Cependant, les approches par scores alimentaires ou nutritionnels s’accordent sur le fait qu’une alimentation équilibrée contribue à diminuer le risque de mortalité globale, cardiovasculaire et par cancer.

Sources :
– Higher Diet Quality Is Associated with Decreased Risk of All-Cause, Cardiovascular Disease, and Cancer Mortality among Older Adults. Reedy J. et al. J Nutr. 2014 Feb 26.
– High Diet Quality Is Associated with a Lower Risk of Cardiovascular Disease and All-Cause Mortality in Older Men. Atkins J.L. et al. J Nutr. 2014 Feb 26.

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