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Brève – Oui, la densité énergétique des aliments favorise bien la surconsommation d’énergie

À travers deux essais randomisés contrôlés, des chercheurs britanniques confirment la surconsommation passive de calories associée aux aliments de haute densité énergétique.

De nombreuses études ont pointé le phénomène de « surconsommation passive » liée aux aliments de haute densité énergétique (HDE) : face à ces condensés caloriques souvent fortement appétents, nous serions incapables d’ajuster les portions consommées à la baisse (par rapport à des aliments moins denses en énergie), ce qui se traduirait par une surconsommation involontaire (ou passive) d’énergie.

Des travaux d’observation récents (Flynn et al., 20221) ont remis en cause ce phénomène, rapportant que la relation linéaire entre la densité énergétique et l’apport énergétique disparaissait au-delà d’un certain seuil : au-delà de 1,5 à 2 kcal/g, la taille des repas consommés réduirait avec la densité du repas.

Un réel effet seuil observé ?

Une équipe de chercheurs britanniques a ainsi souhaité tester rigoureusement ce supposé effet seuil à travers deux essais randomisés contrôlés menés chacun auprès d’une trentaine d’adultes. Dans le premier essai, après un repas standard, les participants se voyaient proposer, à volonté, des desserts de densité énergétique faible (yaourt à la vanille), moyenne (crème glacée à la vanille), ou élevée (cheesecake à la vanille). Ce dernier dessert occasionnait un apport énergétique excédentaire de 240 kcal environ par rapport aux deux autres. Dans le second essai, un chili con carne de densité énergétique variable (faible, moyenne ou élevée) était servi à volonté aux participants. Les quantités consommées (en grammes) se révélaient alors similaires entre les trois conditions : l’apport calorique allait donc crescendo avec la densité énergétique du repas servi. De plus, les apports caloriques du reste de la journée ne différaient pas entre les différentes conditions, suggérant l’absence de compensation ultérieure. Que les sujets connaissent implicitement la densité calorique des aliments (expérience 1 réalisé avec des produits familiers) ou non (densité manipulée à l’insu des participants dans l’expérience 2), ces deux essais :

  1. confirment donc l’existence d’une surconsommation passive de calories liée à la densité énergétique des aliments ;
  2. réfutent l’existence d’un seuil au-delà duquel elle n’aurait plus lieu.

Un rôle pour les politiques de santé

La forte présence d’aliments HDE dans le paysage alimentaire actuel, largement mis en avant dans les publicités alimentaires, pourrait ainsi constituer un facteur clé favorisant la surconsommation énergétique, et devenir la cible de politiques de santé. D’autant que certaines populations fragiles, comme les jeunes en proie à leurs émotions, pourraient être particulièrement sensibles à l’appel de ces aliments : chez les enfants et adolescents de la cohorte européenne IDEFICS, les jeunes expérimentant davantage de détresse émotionnelle, de symptômes psycho-somatiques et de problèmes relationnels avec leurs pairs consommaient généralement de plus grosses portions d’aliments HDE. Cela pourrait refléter la recherche d’un certain réconfort dans ces aliments, ou bien l’adoption d’une alimentation marquant l’appartenance sociale à un groupe – hypothèses qui restent à vérifier.

 

Sources :

1 Flynn AN, Hall KD, Courville AB, Rogers PJ, Brunstrom JM. Time to revisit the passive overconsumption hypothesis? Humans show sensitivity to calories in energy-rich meals. Am J Clin Nutr. 2022 Aug 4;116(2):581-588. doi: 10.1093/ajcn/nqac112.