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Brève – Que comprennent les Français quand on leur parle d’alimentation durable ?

Selon une étude menée auprès de 273 adultes, c’est avant tout la dimension environnementale de l’alimentation durable qui est perçue, alors que les dimensions nutritionnelles, économiques, socio-culturelles ressortent moins. Certaines représentations erronées et incomplètes semblent nécessiter un besoin de clarification.

Quels sont les 5 mots/expressions qui vous viennent spontanément à l’esprit quand je vous dis « alimentation durable » ? Cette question a été posée par des chercheurs du Centre des Sciences du Goût et de l’Alimentation à Dijon à 273 adultes français. L’objectif ? Déterminer le sens commun revêtu par l’alimentation durable chez les consommateurs, et vérifier dans quelle mesure celui-ci correspond à la définition officielle établie par la FAO et utilisée par de nombreuses instances publiques pour promouvoir ce type d’alimentation, à savoir :

  • une alimentation respectueuse de l’environnement (dimension 1),
  • de bonne qualité nutritionnelle (dimension 2),
  • culturellement acceptable (dimension 3)
  • et économiquement équitable (dimension 4).

Une représentation éloignée de la définition officielle

Résultats ? Effectivement, une représentation commune de l’alimentation durable, partagée par les participants, émergeait. Elle reposait sur des concepts d’écologie, d’environnement, de santé et de local. Pour autant, cette représentation n’était pas conforme à la définition officielle de l’alimentation durable. En effet, lorsque les chercheurs tentaient de relier les termes et expressions spontanément cités par les participants aux 4 dimensions officielles de l’alimentation durable, 43 % des citations pouvaient être rattachées à la dimension environnementale (dimension 1), deux fois moins (20 %) à la dimension nutrition-santé (dimension 2), et seulement 13 % à la dimension économique (dimension 4) et 10 % à la dimension socio-culturelle (dimension 3). De plus, 14 % des citations ne correspondaient à aucune de ces dimensions. Certaines représentations de l’alimentation durable s’avéraient erronées : par exemple, le prix des aliments était généralement considéré comme une caractéristique négative de celle-ci (autrement dit, une alimentation durable est perçue comme chère), ce qui va à l’encontre de l’idée d’équité et d’alimentation abordable pour tous promue par le concept officiel. La consommation réduite de viande était très rarement mentionnée alors qu’il s’agit d’un levier important pour tendre vers une alimentation durable. Certains consommateurs entendaient par durable une alimentation à longue conservation (peu ou non périssable). Les représentations erronées ou imprécises identifiées dans cette étude pourraient constituer autant de freins à la mise en œuvre d’une (véritable) alimentation durable. C’est pourquoi il s’avère nécessaire de clarifier le concept auprès de la population afin de promouvoir des pratiques plus adaptées.

Source : Chene O, Arvisenet G, Dujourdy L, Chambaron S. “If I say sustainable diet”: What are French consumers’ social representations? Food Quality and Preference. 119: 105224. https://doi.org/10.1016/j.foodqual.2024.105224.