Concept montant des dernières années, la transition protéique alimente de nombreuses discussions. Une revue systématique propose un tour d’horizon des définitions proposées et des récits qu’elle alimente.
Aussi bien dans les milieux scientifiques – publications, colloques… – que politiques – Pacte vert pour l’Europe, Objectifs de développement durable… –, la transition protéique fait de plus en plus parler d’elle. Mais à quoi correspond vraiment ce concept ? À travers une revue systématique, des chercheurs ont réalisé un état de littérature scientifique publiée à ce jour sur le sujet. Objectif ? Identifier les définitions proposées, les défis majeurs auxquelles la transition protéique se propose de répondre et les grands types de récits construits autour de ce concept.
Une définition à préciser
Premier constat : une proportion importante d’études (13/33) ne prend pas la peine de définir le concept de transition protéique. Or il s’agit d’une première étape indispensable pour arrêter ensuite des objectifs, identifier des actions à mener et fédérer les acteurs impliqués. Quand une définition est proposée, elle renvoie généralement au passage d’une alimentation riche en protéines animales vers une alimentation enrichie en protéines alternatives, parmi lesquelles celles provenant des plantes, algues, insectes ou cultures cellulaires. Toutefois, il existe un flou dans les définitions entre réduction et remplacement des protéines animales.
La transition protéique est essentiellement envisagée pour répondre à trois types d’enjeux : environnementaux, nutritionnels et de bien être-animal. Quant aux récits construits autour de la transition protéique, ils s’articulent autour de trois types de solutions : des solutions émergeant des consommateurs (jours sans viande, réduction des portions de produits animaux…) ; le développement industriel de systèmes de production de protéines plus efficients ; la reconfiguration du système protéique alimentaire dans sa globalité, modifiant les cadres réglementaires, l’orientation des subventions, etc. et impliquant l’ensemble des parties prenantes (consommateurs, producteurs, industriels, législateurs, chercheurs…). Quels que soient les récits, les chercheurs relèvent le côté réducteur du concept de transition protéique en l’état : seule la fonction nutritionnelle des protéines animales est considérée, occultant les autres fonctionnalités des élevages animaux (flux circulaires de bioressources, fertilisation…).
Source : Duluins O, Baret PV. A systematic review of the definitions, narratives and paths forwards for a protein transition in high-income countries. Nat Food. 2024 Jan;5(1):28-36. doi: 10.1038/s43016-023-00906-7.