Selon les données de la cohorte NutriNet-Santé, la consommation d’édulcorants artificiels augmenterait le risque cardiovasculaire.
Alors que le marché mondial des édulcorants artificiels (7 000 millions d’€) poursuit sa croissance (+ 5 % par an), une nouvelle analyse des données de la cohorte NutriNet-Santé vient alimenter le débat relancé par de récentes études quant à l’innocuité de ces substances, et confirme les doutes émis par l’OMS dans son dernier rapport (2022).
Pour estimer les apports en édulcorants, les chercheurs n’ont pas seulement pris en compte ceux présents dans les boissons édulcorées, mais aussi ceux des aliments ainsi que les édulcorants de table. Sur les 103 388 participants de la cohorte, 37 % déclaraient consommer des édulcorants artificiels. Au total, dix édulcorants ont été identifiés. L’aspartame était le plus fort contributeur (représentant 57,9 % des apports totaux), suivi de l’acésulfame K (29,2 %) et du sucralose (10,1 %). Les sept autres édulcorants identifiés (cyclamates, saccharine, thaumatine, néohespéridine, dihydrochalcone, glycosides de stéviol et sels d’aspartame-acésulfame K) ne contribuaient ensemble qu’à 2,8 % des apports totaux, majoritairement via la consommation de boissons sans alcool, sans sucres ajoutés.
A l’issue d’un suivi moyen de 9 ans, les fortes consommations (en moyenne 78 mg/jour, tous édulcorants de synthèse confondus) étaient associées à une augmentation de 9 % du risque de maladies cardiovasculaires (évènements coronariens et principalement cérébro-vasculaires) et de 18 % du seul risque d’évènements cérébro-vasculaires (accidents vasculaires cérébraux et accidents ischémiques transitoires), comparativement à une absence de consommation. L’aspartame était en particulier associé à une augmentation de 17 % du risque d’évènements cérébro-vasculaires, tandis que l’acésulfame K et le sucralose étaient associés à des augmentations des maladies coronariennes de 40 % et de 31 %, respectivement.
Les auteurs concluent qu’une forte consommation d’édulcorants artificiels pourrait être associée à un risque accru de maladies cardiovasculaires.
Source : Debras C, Chazelas E, Sellem L, Porcher R, Druesne-Pecollo N, Esseddik Y et al. Artificial sweeteners and risk of cardiovascular diseases: results from the prospective NutriNet-Santé cohort BMJ 2022; 378 :e071204.