Des travaux chez la souris publiés dans Nature précisent les mécanismes par lesquels un régime hypocalorique perturbe le métabolisme lipidique cellulaire et ralentit la croissance tumorale. Pour autant, la restriction calorique reste déconseillée pour les patients atteints de cancer.
C’est une étude majeure, qu’il ne faut pas pour autant mésinterpréter. En octobre 2021, des chercheurs ont publié dans Nature les résultats de leurs travaux. Des souris ayant reçu des greffes sous-cutanées de tumeurs pancréatiques ont été soumises à un régime hypocalorique ou à un régime cétogène. L’objectif était de préciser les effets de ces régimes hypoglycémiants sur le micro-environnement et la croissance tumorale, et de tester l’hypothèse selon laquelle la restriction calorique et le régime cétogène limiteraient la progression des tumeurs en abaissant les taux de glucose et d’insuline dans le sang. Or, les résultats de cette étude montrent que seul le régime hypocalorique conduit à une diminution de la croissance tumorale, suggérant des mécanismes indépendants de la disponibilité en sucres pour la tumeur (réduite en cas de régime cétogène). L’inhibition tumorale serait liée à la combinaison de deux perturbations métaboliques observées chez les souris soumises au régime hypocalorique : d’une part, la diminution de la disponibilité en lipides pour les cellules cancéreuses ; d’autre part, l’inhibition cellulaire d’une enzyme, la stéaroyl-CoA désaturase (SCD), qui synthétise des acides gras monoinsaturés à partir des acides gras saturés, et qui est nécessaire à la croissance tumorale quand le milieu est dépourvu de lipides. Le régime cétogène, bien qu’il perturbe aussi le fonctionnement de la SCD, favorise au contraire la production cellulaire de lipides, et donc leur disponibilité pour la tumeur.
À noter, si ces résultats permettent de préciser les conditions cellulaires nécessaires à la croissance tumorale et les caractéristiques du régime alimentaire à même de les modifier, ils sont obtenus sur un modèle animal de tumeur sous-cutanée et ne peuvent pas être transposés directement à l’homme. En particulier, ils n’ont pas pour vocation de recommander un régime hypocalorique aux patients atteints d’un cancer (cela reste même déconseillé par les autorités de santé à l’heure actuelle).
Mots clés : régime hypocalorique, régime cétogène, croissance tumorale, cancer, souris.
Source : Lien EC, Westermark AM, Zhang Y et al. Low glycaemic diets alter lipid metabolism to influence tumour growth. Nature 599, 302–307 (2021). doi: 10.1038/s41586-021-04049-2.