Une étude clinique préliminaire suggère que les oméga 3 pourraient ralentir le déclin cognitif en limitant le stress cellulaire du réticulum endoplasmique et en stimulant les mécanismes de défense contre les anomalies de repliement des peptides β-amyloïdes dans le cerveau.
Entre autres désordres métaboliques, on observe dans le cerveau de patients atteints de la maladie d’Alzheimer ou de déclin cognitif une accumulation de protéines de conformation anormale comme les peptides β-amyloïdes (A-β), ainsi qu’une moindre capacité des macrophages à supprimer, par phagocytose, les agrégats qu’ils forment. Il s’agit d’une situation connue sous le nom de stress du réticulum endoplasmique (RE, organite cellulaire responsable de la maturation protéique), contre lequel les cellules mettent en place une réponse dite UPR (pour unfolded protein response). Une équipe s’est intéressée aux effets d’une préparation riche en oméga 3 à base d’huile de poisson (2 g/j d’EPA + DHA et 10 µg/j de vitamine D) et enrichie en antioxydants (dont 150 mg/j de resvératrol), consommée pendant 20 mois par 11 patients atteints de déclin cognitif modéré ou sévère. Les résultats mettent en évidence des effets différents selon le profil génétique des patients pour le gène de l’apolipoprotéine E. Chez les patients porteurs de l’allèle e4 – l’un des principaux facteurs de risque génétique connu de la maladie d’Alzheimer – les résultats se révélaient très variables selon les individus. En revanche, chez les homozygotes e3/e3 (faible susceptibilité génétique), on observait une amélioration des fonctions cognitives (orientation spatio-temporelle, capacités mnésiques et attentionnelles, etc.) testées par le MMSE (Mini-Mental State Evaluation). Celle-ci s’accompagnait d’une augmentation de la concentration cellulaire de la protéine phospho-PERK, kinase fortement impliquée dans la réponse UPR et d’une augmentation de la phagocytose des peptides A-β. In vitro, sous l’effet de la préparation d’huile de poisson, enrichie ou non en antioxydants, on observait aussi une activation des gènes impliqués dans la réponse UPR (codant pour des protéines chaperonnes par exemple) et une inhibition des gènes impliqués dans le stress ER (promoteurs de l’apoptose cellulaire). Malgré les fragilités du protocole (étude non contrôlée, faible nombre de patients), cette étude ouvre de nouvelles perspectives pour comprendre les mécanismes d’action des omégas 3 (associés ou non à des antioxydants) pour ralentir le déclin cognitif chez certains patients.
Source : Olivera-Perez HM et al. Omega-3 fatty acids increase the unfolded protein response and improve amyloid-β phagocytosis by macrophages of patients with mild cognitive impairment. FASEB J. 2017 Oct;31(10):4359-4369.