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Plus d’une heure d’activité physique par jour pour neutraliser les méfaits de la sédentarité

Un niveau d’activité physique élevé (> 60-75 minutes/jour) semble contrebalancer le risque accru de mortalité prématurée lié à la sédentarité. La compensation est présente mais partielle pour des niveaux d’activité plus faibles.

L’activité physique (AP) compense-t-elle les méfaits d’une longue journée passée assis derrière un bureau, dans les transports ou devant la télévision ? Oui pour les plus actifs, mais seulement en partie pour les autres. C’est ce que révèle une méta-analyse publiée dans le Lancet (à l’occasion d’un numéro spécial consacré à l’activité physique) ré-analysant les données issues de 16 études prospectives (USA, Europe, Australie) incluant plus d’un million d’individus.
L’AP était déclarée par les sujets via des questionnaires validés et la durée du suivi était comprise entre 2 et 18 ans selon les études. Afin de minimiser les biais de causalité inverse (les sujets malades pratiquent moins d’AP), les participants présentant une maladie chronique au début de l’étude ou décédés durant la première ou deuxième année du suivi étaient exclus. Pour l’analyse des données, les auteurs ont d’abord réparti les sujets en quartiles d’activité physique (cf. tableau 1). Au sein de chaque quartile, les sujets ont été répartis en quatre groupes en fonction de leur niveau de sédentarité : temps passé assis (TS) inférieur à 4 heures/jour ; TS de 4 à 6 heures/jour; TS de 6 à 8 heures/jour et TS supérieur à 8 heures/jour).

Tableau 1 : Définition des quartiles d’activité physique (AP)

 

Niveau d’AP en MET*.h/semaine Equivalent quotidien d’AP d’intensité modérée**
Q1 < 2,5 < 5 minutes/jour
Q2 < 16 < 25-35 minutes/jour
Q3 < 30 < 50-65 minutes/jour
Q4 > 35,5 > 60-75 minutes/jour

Niveau d’AP en MET*.h/semaine

Equivalent quotidien d’AP d’intensité modérée**

* MET : le MET est le niveau de dépense énergétique au repos. L’intensité de chaque activité physique peut ainsi être exprimée en équivalents métaboliques par rapport à ce niveau de dépense. En multipliant cette valeur par une durée de pratique, on obtient un niveau d’activité physique.

**Une activité physique d’intensité modérée correspond par exemple à de la marche rapide à 5-6 km/h ou du vélo à 16 km/h.

L’ensemble des résultats est synthétisé sur la figure 2 de l’article du Lancet, de façon très explicite. Un gradient très net d’augmentation des risques était observé à la fois avec l’augmentation du temps passé assis et la diminution du temps quotidien consacré à l’AP. En prenant comme référence le groupe le plus actif et le moins sédentaire (1er quartile d’AP et TS < 4heures/jour), les auteurs ont mis en évidence des risques accrus de mortalité prématurée dans les deux quartiles les moins actifs (Q3 et Q4) ; au sein de chacun de ces quartiles, le risque augmentait avec le temps de sédentarité. Ainsi, les risques de mortalité étaient augmentés de 12 % (IC95% HR = 1,08-1,16) chez les individus du 3e quartile passant moins de 4 heures/jour assis et jusqu’à 59 % (IC95% HR = 1,52-1,66), chez les individus du 4e quartile assis plus de 8 heures/jour. À titre de comparaison, ce dernier niveau de risque est comparable à ceux engendrés par le tabac ou l’alcool. Les individus les plus actifs (1er quartile d’AP) mais très sédentaires (TS > 8 heures/jour) étaient moins à risque de mortalité prématurée (HR = 1,04 ; IC95% = 0,99-1,10) que les individus les moins actifs (4e quartile d’AP) mais passant peu de temps assis (HR = 1,27 ; IC95% = 1,22-1,30).

Contrairement aux individus des 3e et 4e quartiles d’AP, chez les individus les plus actifs (1er quartile d’AP), la mortalité n’était pas significativement modifiée par le niveau de sédentarité, suggérant que les méfaits d’une position assise prolongée pourraient être contrecarrés par une AP modérée supérieure à 60-75 minutes/jour. Cet effet protecteur de l’AP était aussi présent chez les individus du 2e quartile d’AP tant qu’ils ne passaient pas plus de 4 heures/jour assis.
Les auteurs ont procédé aux mêmes analyses en considérant le temps passé devant la télévision à la place du temps passé assis. Les mêmes tendances ont été observées, malgré une moindre précision dans les estimations du fait d’un échantillon plus petit. Mais dans ce cas, l’effet protecteur de l’AP n’était plus systématiquement assuré chez les plus actifs puisque leur risque de mortalité prématurée était augmenté de 16 % pour un temps de télévision quotidien supérieur à 5 heures. L’augmentation du risque atteignait 93 % chez les moins actifs passant plus de 5 heures/jour devant leur écran. Les niveaux de risque associés au temps passé devant la télévision sont donc plus élevées que pour le temps passé assis, suggérant que le temps devant la télévision capte d’autres aspects que la seule sédentarité (temps passé assis après le dîner, plus néfaste pour le métabolisme postprandial glucidique et lipidique, sédentarité prolongée sans interruption, grignotage, etc.).

Source : Does physical activity attenuate, or even eliminate, the detrimental association of sitting time with mortality? A harmonised meta-analysis of data from more than 1 million men and women. Ekelund U et al. Lancet. 2016 Jul 27.

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