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Consommation d’insectes : intérêts nutritionnels et risques sanitaires

D’ici 2030, près de neuf milliards d’hommes et d’animaux devront être nourris. Face à un problème de sécurité alimentaire globale, l’Organisation Mondiale des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) recommande d’envisager l’élevage d’insectes à grande échelle. Dans la perspective d’un possible développement de ces produits en France et en Europe, l’Anses a réalisé un état des lieux des connaissances scientifiques sur les risques sanitaires en lien avec la consommation d’insectes.

La consommation d’insectes, également appelée entomophagie, est essentiellement développée dans certaines parties du Monde (Afrique, Australie et Amérique du Sud), où elle peut faire partie de la culture alimentaire traditionnelle.

Il n’existe pas de données précises sur la consommation d’insectes en France, qui est très certainement marginale. Toutefois, l’entomologiste Marcel Dicke de l’Université de Wageningen au Pays-Bas, estime notre consommation involontaire annuelle de fragments d’insectes à hauteur de 500 g à 1 kg, notamment dans les produits fabriqués à base de farine (pain, pâtes, biscuits, etc…).

Concernant les aspects nutritionnels des insectes comestibles, les résultats sont à interpréter avec prudence car peu de publications ont traité de ce sujet. Il semble néanmoins, que certaines espèces soient nutritionnellement intéressantes car riches en protéines, lipides, minéraux et vitamines et avec des compositions en acides aminés bien équilibrées au regard des besoins humains. En revanche, les insectes sont décrits comme pauvres en glucides avec un maximum de 10% de la masse totale chez certaines espèces. Leur faible quantité de sodium, pourrait également permettre d’envisager l’utilisation de certains insectes dans des régimes à faibles teneurs en sel.

Les dangers sanitaires associés aux insectes peuvent être de plusieurs types :

– chimiques : résultant essentiellement de substances toxiques fabriquées ou accumulées par l’insecte via l’alimentation ou l’environnement ;

– physiques : parties dures de l’insecte dont la consommation n’est pas souhaitée (élytres, rostre, ailes, etc…) ;

– microbiologiques : présence de dangers parasitaires, viraux, bactériens et fongiques ;

– nutritionnels lié à la présence de substances anti-nutritionnelles (tannins, thiaminase..)

– allergiques : prévisible en raison de l’existence d’allergènes communs (pan-allergènes) aux arthropodes, arachnides (acariens, araignées, scorpions), crustacés (homards, crevettes, crabes) et insectes ;

– liés aux pratiques d’élevage (alimentation, médicaments vétérinaires), de transformation ou aux conditions de conservation et de transport.

Le travail d’expertise de l’Agence souligne le besoin de recherches complémentaires pour mener une évaluation complète des risques sanitaires liés à la consommation des insectes.

Dans ce contexte, l’Anses recommande :

– d’établir, au niveau communautaire, des listes des différentes espèces et stades de développement d’insectes pouvant ou non être consommés ;

– de définir un encadrement spécifique des conditions d’élevage et de production des insectes et de leurs produits permettant de garantir la maîtrise des risques sanitaires.

En attendant, la mise en place de normes spécifiques, l’Anses recommande la prudence aux consommateurs présentant un terrain favorable aux allergies alimentaires.

Source : Avis de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, relatif à « la valorisation des insectes dans l’alimentation et l’état des lieux des connaissances scientifiques sur les risques sanitaires en lien avec la consommation des insectes». Saisine n°2014-SA-0153. Février 2015

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