Les stratégies thérapeutiques de lutte contre l’obésité sont limitées et n’offrent que de modestes améliorations. De nouvelles interventions sont par conséquent nécessaires. Une équipe de chercheurs de l’Institut Salk à San Diego a étudié l’effet de différentes périodes restreintes d’accès à l’alimentation associées à différents types de régimes alimentaires sur près de 400 souris, de poids normal ou obèses.
Afin dévaluer l’efficacité d’une prise alimentaire limitée dans le temps (PLT) sur l’obésité induite par différents déséquilibres nutritionnels, 392 souris mâles âgées de 12 semaines ont été soumises à plusieurs régimes : normal, riche en graisses (HF), riche en fructose (HFr), riche en graisses et en saccharose (HFS); et selon plusieurs protocoles d’accès à la nourriture (9h, 12h, 15h ou ad libitum).
Les souris HFS ont un poids corporel augmenté d’au moins 20% après 12 semaines de régime. Bien que la consommation de calories soit identique, la prise de poids est deux fois plus importante dans le groupe ad libitum (+ 42%), en comparaison aux souris ayant accès à l’alimentation sur une période de 9h (+ 21%). L’observation est identique avec le régime HF : gain de poids de 26% lorsque la durée de l’accès est de 9h, + 43% lorsque l’accès est de 15h est + 65% ad libitum. Afin d’évaluer si un intervalle de non-restriction au cours de la PLT avait un effet, les souris ont été nourris avec un régime HF pendant cinq jours en alimentation limitée puis deux jours d’alimentation sans restriction (pour imiter le schéma semaine / week-end de deux jours). Le poids corporel augmentait de 29% sur 12 semaines, de manière équivalente au groupe HF avec accès limité toute la semaine.
Chez les souris ayant une obésité préexistante induite par l’alimentation HF, le passage à une PLT ne modifie pas le nombre de calories consommées mais induit une perte de poids :
• Le passage de 13 semaines d’alimentation sans restriction à 12 semaines de PLT induit une baisse de 5% du poids corporel ;
• Le passage de 26 semaines d’alimentation sans restriction à 12 semaines de PLT induit une baisse du poids de 53,7g à 47, 5g (-12% du poids corporel).
Des analyses par IRM ont également montré que la différence de poids corporel pour l’ensemble de ces expériences est liée à une perte de masse grasse. D’autres expérimentations indiquent une amélioration de la tolérance au glucose, de l’homéostasie du cholestérol et des marqueurs inflammatoires dans le tissu adipeux chez les souris soumises à une PLT en comparaison aux souris non restreintes. Au-delà de 12h, et notamment lorsque l’accès à l’alimentation est autorisé pendant 15 heures, les avantages conférés par la restriction deviennent plus modestes. Plusieurs facteurs de transcription tels que PPAR gamma ou SREBP sont proposés pour expliquer, du moins en partie, les bénéfices observés.
En conclusion, les auteurs soulignent que ces résultats mettent en évidence le potentiel de l’alimentation limitée dans le temps dans la lutte contre l’obésité et ses troubles métaboliques associés. De futurs travaux devront explorer le rôle de potentiels régulateurs métaboliques et circadiens dans la restauration d’une balance énergétique normale lors d’une alimentation restreinte dans le temps. Et bien entendu, il est nécessaire de vérifier si les observations physiologiques faites chez les souris peuvent s’appliquer à l’homme !
Source : Time-Restricted Feeding Is a Preventative and Therapeutic Intervention against Diverse Nutritional Challenges. Chaix A et al. Cell Metabolism. Volume 20, Issue 6, p991–1005, 2 December 2014.