Le travail réalisé par l’Anses sur les risques pour la santé liés au bisphénol A confirme qu’il serait nécessaire de réduire l’exposition de la population. Il permet également d’affirmer que la voie principale de contamination est l’alimentation et que les risques concernent en priorité l’enfant à naître de femmes exposées durant leur grossesse.
Le bisphénol A (BPA) est une substance chimique de synthèse utilisée depuis plus de 50 ans, principalement pour la fabrication de matières plastiques de type polycarbonate et de résines époxydes. Il est aussi utilisé comme révélateur chimique dans les papiers thermiques (par exemple au niveau des tickets de caisse).
En termes de gestion des risques, le BPA fait depuis quelques années l’objet d’une attention particulière au niveau international. En France, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) avait déjà publié plusieurs avis relatifs au BPA et conclu à la dangerosité de cette substance chimique classée comme perturbateur endocrinien dès septembre 2011. De nouveaux résultats confirment les effets sanitaires du BPA précédemment mis en cause par l’Anses, en particulier pour la femme enceinte au regard des risques potentiels pour l’enfant à naître.
A l’issue de cette évaluation, sur la base des données disponibles et des modèles utilisés, des situations potentiellement à risques ont été mises en évidence en lien avec une exposition au BPA via l’alimentation et via la manipulation de tickets de caisse thermo-imprimés (pour la population professionnelle et générale). L’alimentation contribue à plus de 80% de l’exposition de la population. Les principales sources d’exposition alimentaire sont les produits conditionnés en boîtes de conserve qui représentent environ 50% de l’exposition alimentaire totale. L’Anses a également identifié l’eau distribuée en bonbonnes de polycarbonate comme une source conséquente d’exposition au BPA.
En France, la loi n° 2012-1442 du 24 décembre 2012 visant à la suspension de la fabrication, de l’importation, de l’exportation et de la mise sur le marché de tout conditionnement à vocation alimentaire contenant du BPA a été publiée au Journal Officiel en date du 26 décembre 2012. Première étape, sa présence est interdite dans les contenants alimentaires destinés aux enfants de moins de trois ans depuis janvier 2013. L’interdiction s’appliquera par la suite à tous les contenants alimentaires à partir de 2015. D’ores et déjà, l’agence recommande de réduire l’exposition des personnes manipulant des papiers thermiques contenant du BPA. Aux femmes enceintes, elle conseille également d’éviter l’utilisation de boîtes de conserves et bonbonnes d’eau.
Des innovations, en termes de nouvelles alternatives au BPA, sont attendues dans les différents domaines d’utilisation mais leur innocuité devra être évaluée. En effet, l’Anses n’encourage pas pour autant l’utilisation d’autres bisphénols comme solution de substitution au BPA.