Les aliments à base de soja et leurs constituants actifs tels que les isoflavones ont fait l’objet d’une attention particulière ces dernières années concernant leur rôle potentiel dans la réduction du risque de cancer. Une méta-analyse fait le point sur l’association entre la consommation d’aliments à base de soja et le risque de cancers gastro-intestinaux (GI) en tenant compte notamment du type de cancer et de l’influence du sexe.
Les recherches documentaires menées sur MEDLINE, PubMed, ISI Web of Science, Currents Contents Connect et Embase ont permis d’identifier 348 articles en lien avec la consommation de soja, d’isoflavones de soja et les cancers gastro-intestinaux (cancers de l’œsophage, de l’estomac ou cancers colo-rectaux) jusqu’en mai 2014. Parmi ces articles, 22 études cas-témoins et 18 études de cohorte ont été incluses dans la méta-analyse, correspondant au total à 633 476 participants et 13 639 cas de cancers gastro-intestinaux.
Pour l’analyse statistique, des Odds Ratio (OR) cumulés et un intervalle de confiance de 95% ont été calculés selon le modèle DerSimmonian-Laird. L’hétérogénéité a été mesurée via la méthode Cochrane.
Les résultats ont mis en évidence une réduction significative du risque de développer un cancer gastro-intestinal (GI) (OR 0,73; 95% IC 0,59-0,92; hétérogénéité p = 0), et plus particulièrement un cancer colo-rectal (CRC) (OR 0,76; 95% IC 0,59-0,98; hétérogénéité p=0), suite à la consommation d’isoflavones de soja.
Les preuves en faveur de l’effet protecteur du soja sur le risque de cancer GI sont quant à elles plus faibles (OR 0,93; 95% IC 0,87-0,99; hétérogénéité p = 0,01). Un effet protecteur significatif est néanmoins observé pour les cancers du colon (OR 0,92; 95% IC 0,96-0,99; hétérogénéité p = 0,163) et CRC (OR 0,92; 95% IC 0,87-0,97; hétérogénéité p = 0,3). La méta-analyse a également mis en évidence de faibles différences entre hommes et femmes, avec toutefois une association significative (OR 0,85; 95% IC 0,73-0.99; hétérogénéité p = 0,4) entre la consommation de soja et le risque de cancer du colon chez la femme.
Il est toutefois à noter que parmi les études incluses dans l’analyse, seulement sept ont été menées dans des pays occidentaux alors que la plupart étaient menées en Asie. La majorité des études asiatiques ont mesuré l’impact de la consommation de miso ou tofu, alors que les types de soja consommés au sein des pays occidentaux étaient rarement spécifiés. De plus, seulement cinq études cas-témoins et sept études de cohorte ont employé un questionnaire de relevé de fréquence alimentaire validé (FFQ) pour mesurer la consommation de soja. Les études n’ayant pas employé d’outils de référence sont donc susceptibles d’avoir sous-estimé ou sur-estimé la consommation réelle de soja.
En résumé, les principales conclusions de cette étude soutiennent une association inverse entre la consommation d’isoflavones et le risque de cancer gastro-intestinal et plus particulièrement, au niveau colo-rectal. De nouvelles recherches sont néanmoins nécessaires pour évaluer la teneur en isoflavones des différents types d’aliments à base de soja pour permettre de mesurer l’exposition selon les groupes ethniques, tout en prêtant attention aux modes de consommation entre les différents pays afin d’ajuster l’interprétation des résultats en conséquence.
Source : Soy and isoflavone consumption and risk of gastro-intestinal cancer: a systematic review and meta-analysis. Tse et al. European Journal of Nutrition. 2014 Dec 30. DOI 10.1007/s00394-014-0824-7