Quels sont les leviers cruciaux d’une transition agro-écologique réussie permettant de rompre avec les systèmes agro-alimentaires industriels et d’instaurer des modèles diversifiés et durables ? Réponses à travers l’analyse, par le panel international d’experts IPES FOOD, de sept initiatives mondiales ayant porté leurs fruits.
Si l’agriculture « industrielle » a permis jusqu’à présent d’approvisionner en quantités importantes les marchés internationaux, elle a également contribué à la dégradation des écosystèmes, à la perte de biodiversité, et à l’apparition de problèmes de santé et d’insécurité alimentaire. Une transition agro-écologique permettrait de faire émerger de nouveaux systèmes agro-alimentaires plus durables.
Des changements concomitants nécessaires dans différents domaines
En analysant sept initiatives mondiales[1] réussies en la matière, le panel international d‘experts IPES FOOD[2], dans une analyse publiée fin 2018, a identifié des leviers relevant de différentes catégories : changements dans les pratiques de production, mais aussi dans le partage des connaissances et leur diffusion, dans les relations économiques et sociales entre acteurs locaux et au niveau du cadre institutionnel. Et de souligner un point clé : c’est en se combinant et se renforçant les uns les autres que ces changements simultanés dans différents domaines permettent de rompre avec les systèmes agro-industriels et de tendre vers des systèmes durables.
Focus sur les initiatives couronnées de succès à travers le monde
À Chololo en Tanzanie, par exemple, un écovillage a été construit, promouvant l’agroforesterie et la conservation des ressources locales au sein de la communauté. Autre initiative plus proche de nous : dans la Drôme, en France, les pratiques de l’agriculture biologique sont en cours de redéploiement. Des informations sur les techniques de production ont été diffusées dans les journaux techniques. Les agriculteurs biologiques ont aussi mis en place de nouveaux canaux de commercialisation. Le mouvement a été soutenu par plusieurs municipalités et adopté en région sous le nom Plan « Biovallée », ce qui lui a valu un accès à des financements nationaux et européens.
In fine, pour promouvoir l’agro-écologie, il n’existe donc pas de recette toute faite mais des points communs ressortent entre les différentes initiatives couronnées de succès : nées de volontés locales, elles engendrent des changements sur plusieurs fronts simultanément, couplant les évolutions des pratiques agronomiques à de profondes mutations sociétales, tournées vers des aspirations de durabilité qui vont bien au-delà des seules questions alimentaires.
Source : IPES FOOD. Breaking away from industrial food and farming systems. Seven case studies on agroecological transition. October 2018.
[1] Etats-Unis, Nicaragua et Mexique, Tanzanie, Chine, France, Espagne, Cuba
[2] International panel of experts on sustainable food systems