Nourrir 10 milliards d’humains à l’horizon 2050 ne sera possible qu’en adoptant des régimes alimentaires plus flexitariens, réduisant le gaspillage et optimisant les pratiques agricoles. Recommandations d’un groupe international d’experts qui publient son analyse dans Nature, modélisations à l’appui.
Notre système alimentaire actuel pèse déjà lourd sur l’environnement et les ressources planétaires. Au regard des évolutions attendues en termes de population mondiale – de 7 milliards d’humains sur Terre aujourd’hui jusqu’à 10 milliards attendus à la moitié du XXIe siècle –, il pèsera encore plus à l’horizon 2050, concluent des chercheurs dans un article d’ampleur paru dans Nature. En l’absence de mesures majeures, les impacts de notre alimentation devraient ainsi croître de 50 à 92 % selon les indicateurs considérés : émissions de gaz à effet de serre (EGES), surfaces occupées par les terres agricoles, consommation d’eau, pollution phosphorée et azotée… Or, les ressources planétaires étant limitées, elles ne suffiront pas à soutenir le système alimentaire de demain. Dès lors, quelles options se présentent pour parvenir à nourrir la planète ? Les leviers à activer en priorité diffèrent selon les types d’impact considérés. Ainsi, c’est clairement la modification du régime alimentaire, via la diminution de la consommation de viande rouge et l’augmentation de la consommation de fruits et légumes, qui aurait le plus d’impact sur les EGES : se tourner vers ce type de régime « flexitarien » permettrait de les réduire de 30 %. La réduction des pertes et du gaspillage alimentaire, ainsi que l’amélioration des technologies de production agricole (gain de rendement, rééquilibrage de la fertilisation, etc.), constitueraient les actions les plus efficaces vis-vis-vis des autres indicateurs environnementaux. Dans tous les cas, aucun levier ne suffirait à lui seul et c’est leur combinaison qui permettrait d’atteindre un système alimentaire durable.
Source : Springmann M et al. Options for keeping the food system within environmental limits. Nature. 2018 Oct;562(7728):519-525.