Après un recueil de données de deux ans, les résultats de la troisième étude nationale des consommations alimentaires (INCA3) ont été publiés durant l’été 2017. Ils constituent une source de données considérable qui permettra de nourrir les évaluations de risques nutritionnels et sanitaires liés à l’alimentation de la population française.
Après les études INCA1 (1998-1999) et INCA2 (2006-2007), l’étude INCA3, réalisée en 2014-2015 (publiée en juillet 2017 par l’Anses), offre une photographie actualisée des habitudes alimentaires des Français. En sélectionnant un nombre conséquent d’individus – 3 157 adultes (18 à 79 ans) et 2 698 enfants (0 à 17 ans) – selon un plan de sondage aléatoire à trois degrés (tirage au sort d’unités géographiques, puis de logements puis d’individus), ce type d’enquête permet d’obtenir un échantillon représentatif de la population française (métropole, hors Corse) ; ce troisième volet présente en outre l’avantage d’avoir utilisé une méthode harmonisée au niveau européen préconisée par l’Efsa. Sa publication est l’occasion de faire le point sur les grandes tendances caractérisant nos comportements alimentaires, tour à tour examinés en fonction de l’âge, du sexe, de la région ou encore du niveau socio-économique.
Consommations alimentaires et apports nutritionnels : premières analyses
L’analyse préliminaire des données insiste sur la part importante de produits transformés (pâtisseries, soupes, pizzas, plats cuisinés, etc.) dans les assiettes, majoritairement d’origine industrielle… alors que les recommandations alimentaires à l’attention de la population sont formulées sur la base de groupes d’aliments bruts. Autre constat : une consommation en hausse de compléments alimentaires. Côté nutriments, le rapport confirme des inadéquations souvent pointées du doigt en santé publique, notamment des apports insuffisants en fibres (20 g contre 30 g/j préconisés), en oméga 3 (apports mesurés de l’ordre de deux fois inférieurs aux recommandations pour l’acide alpha-linolénique (< 0,5 % de l’apport énergétique total contre 1 %) et les acides eicosapentaénoïque et docosahexaénoïque (EPA +DHA < 300 mg contre 500 mg/j), en vitamine D (3 µg contre une référence nutritionnelle pour la population de 15 µg/j) et des apports encore trop élevés en sel (9 et 7 g respectivement chez les hommes et les femmes contre 8 et 6,5 g/j fixés comme objectif par le PNNS 3).
Des données précieuses pour identifier les risques sanitaires
La publication du rapport complet de l’étude ne constitue qu’une première étape dans la longue série d’expertises rendues possibles grâce aux données recueillies. L’Anses a d’ores et déjà prévu et priorisé une analyse des risques liés au manque d’activité physique et à l’excès de sédentarité des Français, ainsi qu’une évaluation approfondie des inadéquations nutritionnelles entre les apports observés et les recommandations. A plus long terme, une évaluation des risques microbiologiques liés à des pratiques en plein essor comme la consommation de viande et poissons crus est également envisagée. Enfin, les données de consommations à disposition pourront aussi permettre de caractériser l’exposition de la population aux contaminants (résidus de pesticides, métaux lourds, etc.).
Source : Anses. Avis et rapport sur la troisième étude individuelle nationale des consommations alimentaires – INCA 3. 2017.