L’utilisation d’organismes génétiquement modifiés (OGM) en agriculture a permis d’obtenir des cultures résistantes aux herbicides, ce qui a amené les agriculteurs à utiliser ces derniers massivement, facilitant ainsi la gestion des mauvaises herbes et l’obtention de rendements accrus. Or, les deux herbicides les plus utilisés ont été déclarés potentiellement cancérogènes, sans pour autant s’accompagner d’un étiquetage spécifique. La grande majorité des variétés de maïs et de soja aux Etats-Unis sont aujourd’hui génétiquement modifiées. Quelles conséquences pour la santé de l’homme ?
Pendant de nombreuses années, la création d’organismes génétiquement modifiés, ou OGM, semblait représenter une avancée magistrale pour l’agriculture, avec notamment une amélioration de la résistance aux herbicides, mais aussi, par exemple, la création de variétés résistantes en milieu salé ou produisant des fruits ou des légumes résistants au pourrissement.
La résistance aux herbicides est une des principales caractéristiques que l’industrie des biotechnologies a choisi d’introduire dans les cultures GM, permettant une gestion plus aisée des mauvaises herbes et une amélioration potentielles des rendements. De ce fait, l’utilisation de glyphosate (Roundup), herbicide employé au sein des cultures GM, a considérablement augmenté entre 1974 et 2014 (facteur 250). Par ailleurs, l’emploi excessif de glyphosate a engendré la création d’une résistance des mauvaises herbes à cet herbicide au cours du temps. Une nouvelle combinaison d’herbicides “Enlist Duo” associant le glyphosate et l’acide 2,4-dichlorophenoxyacetique (2,4-D) a alors été créée et approuvée en 2014 par l’Agence de Protection Environnementale aux Etats-Unis (EPA). Peu après, l’Agence Internationale pour la Recherche sur le Cancer (IARC) a classé en 2015, le glyphosate et le 2,4-D comme respectivement “probable cancérigène humain” et “possible cancérigène humain”.
Il semble aujourd’hui nécessaire de réévaluer la sécurité des cultures GM sur l’environnement et la santé. Concernant la santé humaine, deux volets doivent être pris en considération : l’effet potentiel des OGM résiduels dans l’aliment et l’effet des herbicides potentiellement contaminants. Par ailleurs, il apparaît également judicieux de mettre en place d’un étiquetage spécifique pour les produits issus des cultures GM, en vue d’une meilleure information du consommateur.
Remarque : il s’agit ici d’un point de vue de 3 pages (et non d’une revue de synthèse), exprimé par des Américains dans un contexte propre aux USA, et différent du contexte français, tout particulièrement en qui concerne l’étiquetage des produits alimentaires contenant des OGM et le rôle des agences et institutions fédérales.
Source : GMOs, Herbicides, and Public Health. Landrigan and Benbrook et al. N Engl J Med. 2015 Aug 20;373(8):693-5.