L’apport alimentaire journalier en sélénium est relativement faible en Suède. Le sélénium intervenant dans de nombreuses fonctions cellulaires, quel est l’impact d’un déficit sur la santé ? Une étude suédoise révèle une augmentation du risque de mortalité chez des personnes âgées ayant un faible statut en sélénium.
Près de 670 personnes âgées de 70 à 80 ans vivant à la campagne dans le Sud-Est de la Suède, ont participé entre 2003 et 2010 à une étude observationnelle visant à déterminer le lien entre le statut en sélénium (Se) et la santé. La quantité de Se sérique a été évaluée en début d’étude chez l’ensemble des participants dont on a ensuite étudié la mortalité sur la période allant jusqu’à 2010. A 48 mois, 98 volontaires ont accepté un deuxième prélèvement sanguin. Un examen clinique a également permis d’évaluer la fonction cardiaque (échocardiographie et électrocardiogramme) des individus.
En début d’étude, la concentration moyenne en Se dans le sérum des volontaires n’était que de 67,1 µg/L, avec une légère supériorité observée chez les femmes (68,8 vs 65,2 µg/L). Après 48 mois, les concentrations étaient plus élevées chez 63,3% des individus (respectivement en moyenne 70,8 et 72,5 µg/L chez les hommes et chez les femmes) marquant la sensibilisation de la population de l’étude à l’intérêt d’une supplémentation.
Les volontaires ont été répartis en 4 quartiles sur la base de leurs taux sérique de Se à l’inclusion. Sur l’ensemble de l’étude, la mortalité toutes causes a été de 27,2% et la mortalité cardio-vasculaire de 18,9%. Le taux de mortalité constatée toutes causes confondues a été plus important chez les personnes du premier quartile présentant des taux sériques de Se <57,2 µg/L comparé à celles du quatrième quartile (<76,1 µg/L) (P = 0,01). Les mêmes tendances ont été observées pour la mortalité cardiovasculaire (P = 0,02). Comparés à l’ensemble des autres groupes, les individus du premier quartile présentaient une augmentation de 67% du risque de mortalité toutes causes confondues (P = 0,007) et une augmentation de 73% du risque de mortalité cardio-vasculaire (P = 0,02). Après ajustement des paramètres selon le genre, le tabagisme, les maladies cardiaques ischémiques, le diabète, les maladies pulmonaires chroniques et les troubles de la fonction cardiaque, il a été estimé que les personnes ayant une concentration en Se sérique <57,2 µg/L présentaient une augmentation de 43% du risque de mortalité toutes causes confondues et de 56% du risque de maladie cardiovasculaire.
L’étude montre que le statut en Se des personnes âgées en Suède est relativement faible (67,1 µg/L) comparativement à d’autres études menées aux Etats-Unis (moyenne 120 µg/L) ou en Europe (moyenne 90 µg/L). Une faible concentration sérique en Se augmente le risque de mortalité toutes causes confondues, et le risque de mortalité cardio-vasculaire. Cette étude indique qu’une supplémentation en Se pourrait être recommandée chez des individus présentant une concentration sérique en Se inférieure à 57 µg/L.
Source : Relatively high mortality risk in elderly Swedish subjects with low selenium status. Alehagen U et al.Eur J Clin Nutr. 2015 Jun 24.