Le défi actuel que représente la prise en charge du diabète a motivé les efforts de recherche vers la découverte d’approches thérapeutiques innovantes pour améliorer le contrôle glycémique. À cet égard, des études menées chez la souris avec des peptides issus de peau d’amphibiens pourraient ouvrir de nouvelles pistes pharmacologiques.
L’objectif de cette étude était d’évaluer les effets «anti-diabétiques» à long terme d’un puissant peptide isolé à partir de la peau d’une grenouille asiatique (tigerinin-1R) dans un modèle de souris obèse diabétique. La réponse glycémique, la composition corporelle et le métabolisme énergétique ont été comparés entre 3 groupes de souris: deux groupes nourris avec un régime hyperlipidique (45 % de l’apport énergétique sous forme de lipides) pendant 3 mois puis recevant une injection de tigerinin-1R ou une solution saline 2 fois par jour pendant 15 jours et un groupe contrôle soumis à un régime standard (n=8 pour chaque groupe).
L’injection de tigerinin-1R pendant 15 jours n’avait pas d’effet significatif sur les apports alimentaires ou le poids corporel. Les taux de glucose à l’état nourri étaient significativement abaissés alors que les taux d’insuline étaient élevés, comparés aux animaux contrôles recevant une solution saline. L’injection de tigerinin-1R améliorait également la réponse glycémique évaluée lors de tests de tolérance orale et intrapéritonéale au glucose. L’insuline plasmatique était également augmentée avec le traitement. Bien que l’injection du peptide n’ait pas d’effet significatif sur la sensibilité à l’insuline in vivo, des tests in vitro sur des cellules beta du pancréas, isolées indiquent une amélioration de la sécrétion d’insuline en réponse à la stimulation par des acides aminés et d’autres substances telles que le glucagon-like peptide-1 (GLP-1). Concernant le métabolisme énergétique, les mesures effectuées par calorimétrie indirecte ne montraient pas de différence significative de la consommation d’O2, production de CO2 et ratios d’échanges respiratoires. De même, la composition corporelle n’était pas significativement modifiée par le traitement à la tigerinin-1R.
En conclusion, la présente étude montre des effets métaboliques bénéfiques de la tigerinin-1R sur l’homéostasie glucidique et la fonction des cellules beta du pancréas dans un modèle de souris obèse diabétique. Ce peptide semble présenter un potentiel d’application intéressant dans le secteur de la prise en charge du diabète, d’autant plus du fait de sa résistance à la dégradation protéolytique mais qui reste seulement démontrée in vitro à ce stade. Quant aux mécanismes d’action (hypothèse forte de la voie de signalisation du Ca2+), ils restent à explorer…
Source : Opeolu O. et al. Beneficial effects of tigerinin-1R on glucose homeostasis and beta cell function in mice with diet-induced obesity-diabetes. Biochimie. 2014 Dec 4.