Les facteurs de risque environnementaux des cancers de l’ovaire sont peu connus.A partir des données de la cohorte américaine “Iowa Women’s Health Study”, la présente étude évalue l’association entre une ingestion de nitrates et de nitrites et le risque de cancer de l’ovaire après la ménopause.
Les nitrates et nitrites sont des précurseurs de la formation endogène de dérivés nitrosés capables de se transformer en nitrosamines potentiellement cancérogènes. A partir des données de la cohorte américaine “Iowa Women’s Health Study” incluant 28.555 participantes, cette étude évalue l’association entre l’ingestion de nitrates et de nitrites et le risque de cancer de l’ovaire après la ménopause.
Entre 1986 et 2010, 315 cancers de l’ovaire ont été observés chez des femmes âgées de 73,2 ans en moyenne au moment du diagnostic. Parmi ces patientes, 190 ont participé à une étude sur le lien entre nitrates des eaux de boisson (origine : engrais et déchets) et risque de cancer ovarien (145 consommatrices d’eau du robinet et 45 utilisatrices de puits privés). L’ingestion moyenne d’azote des nitrates (N-NO3) et de trihalométhanes (THM) contenus dans les eaux de boisson était calculée pour chaque femme en fonction des données des services publics et de leur lieu de résidence. Concernant les facteurs alimentaires, une forte corrélation entre apports alimentaires totaux en nitrates et apports de nitrates par les végétaux était observée. L’apport en nitrates par l’alimentation était inversement associé au risque de cancer ovarien tandis que l’apport en nitrites des produits carnés était positivement associé au risque. Chez les consommatrices d’eau du robinet, le risque de cancer ovarien était 2 fois plus élevé dans le plus haut quartile d’apport en N-NO3 (2,98 mg/L) en comparaison au plus bas (0,47 mg/L; quartile de référence), indépendamment du taux de THM.
En conclusion, cette étude de cohorte indique que des teneurs élevées en nitrates dans l’eau du robinet pourraient être associées à un plus haut risque de cancer ovarien chez des femmes ménopausées alors qu’une relation inverse est observée avec les nitrates contenus dans les aliments. Ce résultat pourrait notamment s’expliquer par la présence naturelle d’antioxydants tels que la vitamine C dans les fruits et légumes, qui inhiberaient la formation de dérivés nitrosés. D’autres études avec un plus grand nombre de cas de cancer de l’ovaire sont évidemment nécessaires pour confirmer les effets potentiels de l’ingestion de nitrates et nitrites. En Europe, les nitrates (E 251-E 252) et nitrites (E 249-E 250) sont autorisés dans certaines catégories de produits en tant qu’additifs alimentaires, bien qu’ils soient actuellement classés comme «cancérogènes probables» pour l’homme par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC).
Source : Nitrate and nitrite ingestion and risk of ovarian cancer among postmenopausal women in Iowa. Inoue-Choi M. et al. International Journal of Cancer, sous presse 2014.