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Acides gras polyinsaturés à longue chaîne de la série oméga 3 alimentaires et plasmatiques, consommation de poisson et risque d’insuffisance cardiaque : nouvelles données de la Physicians’ Health Study

La consommation de poisson à raison de plus d’une fois par mois est associée à un risque moindre d’insuffisance cardiaque. Plus précisément, il existe une relation inverse et non linéaire entre le risque d’insuffisance cardiaque et les concentrations plasmatiques en acide alpha-linolénique (ALA) et en acide docosapentaénoïque (DPA), mais pas en acide eicosapentaenoïque (EPA) ni en acide docosahexaénoïque (DHA). A ce titre, cette nouvelle étude suggère qu’il est peut-être préférable de consommer du poisson plutôt que des compléments alimentaires à base d’acides gras polyinsaturés à longue chaîne de la série oméga 3 (DHA et EPA).

 

Les résultats sont issus de la Physicians’ Health Study (PHS) débutée en 1982 aux Etats-Unis, initialement un essai clinique mené sur 33 223 médecins devenu ensuite une des grandes cohortes des Etats-Unis.

L’équipe de recherche a analysé les apports alimentaires en acides gras oméga 3 et la quantité de poisson consommée par les médecins à partir de questionnaires alimentaires. Le niveau plasmatique des acides gras oméga 3 des phospholipides a été mesuré et les incidents cardiaques ont été enregistrés. L’âge moyen de la population au moment de la collecte de sang était de 58,7 ans.

Après avoir examiné les niveaux plasmatiques en acides gras et les habitudes alimentaires de plus de 19 000 médecins issus de la PHS I, l’équipe de Luc Djoussé a étudié les liens entre le risque d’insuffisance cardiaque et le niveau d’acides gras oméga-3 (alimentaire et plasmatique) d’une part, et une consommation régulière de poisson d’autre part. Les caractéristiques des participants et les résultats des analyses statistiques sont présentés en fonction de l’origine alimentaire des acides gras oméga 3 (source végétale vs. marine).

Les données indiquent que les sujets ayant des niveaux sanguins élevés en acide alpha-linolénique (ALA) et ceux ayant des niveaux élevés en acide docopentaénoïque (DPA) présentaient une diminution de  risque d’insuffisance cardiaque de respectivement 34% et 45%, par rapport aux personnes ayant un niveau faible en ces acides gras. Néanmoins, ces relations n’étaient pas linéaires, les plus forts niveaux plasmatiques en ces deux acides gras ne présentant pas les risques les plus bas. En revanche, aucune association entre les taux sanguins en acide eicosapentaenoïque (EPA) et en acide docosahexaénoïque (DHA) et le risque d’insuffisance cardiaque n’est constatée. Toutefois,  ces deux acides gras indispensables sont généralement associés aux effets bénéfiques des poissons sur la santé et sont ceux le plus souvent commercialisés sous forme de compléments alimentaires à base d’huiles de poisson.

Les résultats ont montré que la consommation d’au moins une portion de poisson par mois était associée à une réduction de 30% du risque d’insuffisance cardiaque. Cependant, si l’association entre la consommation de poisson et une diminution du risque est établie, l’étude ne peut démontrer un lien de causalité entre ces deux paramètres. En effet, la consommation de poisson est peut-être également bénéfique du fait de sa composition en d’autres nutriments d’une part, et en contribuant à réduire la consommation d’aliments reconnus pour leurs effets délétères sur le système cardiovasculaire d’autre part.

Les données de cette nouvelle étude suggèrent qu’il est préférable de consommer du poisson plutôt que des compléments alimentaires à base d’acides gras oméga-3, la plupart des produits commercialisés étant principalement à base de DHA et EPA. Ces résultats sont cohérents avec les recommandations actuelles de l’American Heart Association (AHA) : deux portions de poisson gras par semaine (saumon, hareng, sardines, thon germon…).

Sources :

Plasma and dietary omega-3 fatty acids, fish intake, and heart failure risk in the Physicians’ Health Study. Wilk JB et al., Am J Clin Nutr. 2012 Oct;96(4):882-8.

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