L’évolution des pratiques d’enrichissement des aliments en caféine combinée aux modes de consommation actuels des boissons dites énergisantes sont susceptibles de générer des situations à risques. Un avis de l’Anses réaffirme le danger potentiel pour les enfants, adolescents et femmes enceintes, mais aussi lorsque de tels produits sont associés à de l’alcool ou à la pratique d’un exercice physique.
Le terme « boissons énergisantes » est une appellation commerciale et ne se réfère à aucune définition réglementaire. L’Anses a recensé 120 boissons dites énergisantes (BDE) sur le marché français. Elles contiennent un mélange de différents composés, le plus souvent caféine, taurine, glucuronolactone et vitamines du groupe B, sucres ou édulcorants. Elles peuvent également contenir des extraits de certaines plantes comme le guarana et le ginseng. La consommation d’une canette standard (250 ml) de BDE représente en moyenne l’équivalent en caféine de deux cafés « expresso » (50 ml) ou de plus de deux canettes de sodas au cola (330 ml).
Dans le cadre du dispositif de nutrivigilance lancé en 2009, l’Anses a recueilli les effets indésirables suspectés d’être liés à la consommation de BDE. Entre les cas directement déclarés à l’Anses et ceux transmis par les centres antipoison de toxicovigilance, 257 cas ont été rapportés dont 212 suffisamment renseignés pour être analysés dans le cadre de l’évaluation des risques liés à la consommation des BDE. L’imputabilité de la consommation de BDE dans la survenue d’événements indésirables, principalement cardio-vasculaires, a été jugée, selon les critères de la nutrivigilance, très vraisemblable ou vraisemblable pour 25 cas, soit 12 % des signalements. La caféine contenue dans ces boissons a été considérée comme le facteur explicatif majeur, même si quelques données parcellaires suggèrent que la taurine associée à la caféine dans certaines BDE pourrait avoir un effet additionnel sur l’élévation de la pression artérielle et favoriser la survenue d’angine de poitrine.
Même si l’usage de la caféine est très ancien, sa présentation sous forme de BDE, phénomène nouveau et en forte expansion, fait évoluer les modalités de consommation : émergence de consommateurs jusque-là peu exposés à la caféine (notamment les enfants et les adolescents); consommations parfois très élevées (25 % des consommateurs français de BDE en consomment plus de 500 ml sur une même journée); nouveaux contextes d’exposition principalement lors d’occasions festives, en lien avec une activité sportive ou en mélange avec de l’alcool.
Pour les professionnels de santé, l’Anses appelle à intégrer la notion de consommation de BDE au recueil d’information face à des patients présentant des symptômes évocateurs (Exemple : poussées hypertensives, crises convulsives…) et à prescrire dans ces situations une mesure de la caféinémie le plus précocement possible.
Enfin, l’Anses appelle à la mise en œuvre de mesures visant à garantir l’information des publics sensibles et à encadrer la promotion des BDE envers ces populations, surtout dans des contextes de consommation à risques (festifs, sportifs…). Les BDE ne doivent notamment pas être confondues avec les boissons «énergétiques», dont la composition nutritionnelle est adaptée à la pratique d’une activité sportive et qui font l’objet d’un encadrement réglementaire spécifique.
Source : Evaluation des risques liés à la consommation de boissons énergisantes, Avis de l’Anses, septembre 2013.