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Les régimes sains pour répondre aux multiples enjeux d’un vieillissement réussi

L’adhésion à un régime sain dans la seconde moitié de la vie adulte augmente non seulement les chances de vieillir sans maladie non transmissible, mais aussi sans altération majeure du fonctionnement physique, cognitif et de la santé mentale.

Selon l’OMS, le nombre de personnes âgées de 60 ans et plus devrait doubler entre 2020 et 2050 dans le monde, celui des 80 ans et plus tripler ! Dans ce contexte de vieillissement de la population, l’allongement de la durée de vie en bonne santé est considéré comme un des défis majeurs de notre époque, dans lequel la nutrition pourrait jouer un rôle clé. Toutefois, les régimes « sains » préconisés ciblent généralement la prévention des maladies non transmissibles (cancers, maladies cardiovasculaires…), qui ne représentent qu’une des facettes du bien vieillir. De cette considération a émergé la question suivante explorée par des chercheurs nord-américains  : de tels régimes permettent-il de favoriser le vieillissement en bonne santé dans son ensemble ? Pour cela, ils ont utilisé les données alimentaires et de santé recueillies auprès de 105 015 hommes et femmes appartenant aux deux cohortes américaines des professionnels de santé (Nurses’ Health Study et Health Professionals Follow-Up Study).

8 régimes sains au banc d’essai

Les données alimentaires, mesurées à l’inclusion puis de façon régulière pendant les 14 premières années du suivi, ont notamment permis de calculer les scores d’adhésion des sujets à 8 types de régimes sains au cours de la seconde partie de leur vie adulte1 : 1/ aHEI (Alternative Healthy Eating Index), 2/ aMED (Alternate Mediterranean Diet), 3/ DASH (Dietary Approaches to Stop Hypertension), 4/ MIND, 5/ hPDI (Healthful Plant-based Diet) 6/ PHDI (Planetary Health Diet Index), 7/ EDIP (Empirical Dietary Inflammatory Pattern) et 8/ EDIH (Empirical Dietary Index for hyperinsulinemia). Bien que tous ces régimes partagent des points communs – richesse en fruits, légumes, céréales complètes, et limitation des quantités de viandes rouges et transformées – chacun met l’accent sur des composants spécifiques. Par exemple, le régime aMED prône aussi des aliments emblématiques du régime méditerranéen, tels que l’huile d’olive, le poisson et les fruits à coque, tandis que le régime MIND insiste sur les bénéfices cognitifs des fruits rouges. Le régime DASH a pour priorité la réduction du sodium pour le contrôle de la tension artérielle, quand le PHDI met en avant des aliments sains permettant d’éliminer les émissions de gaz à effet de serre.

Le bien vieillir dans toutes ses dimensions

Les niveaux de consommation d’aliments ultra-transformés étaient également calculés.

Le vieillissement en bonne santé, évalué après un suivi de 30 ans, était défini comme le fait d’atteindre 70 ans :

  • sans présenter de maladies parmi les 11 maladies non transmissibles les plus mortelles / invalidantes (cancers, diabète, infarctus du myocarde, maladies coronariennes, insuffisance cardiaque congestive, AVC, insuffisance rénale, bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), maladie de Parkinson, sclérose en plaques et sclérose latérale amyotrophique),
  • sans altération des fonctions cognitives (≤1 symptôme de déclin cognitif auto-déclaré, sur 7 symptômes possibles2),
  • sans altération des capacités physiques (pas de limitation dans les activités du quotidien : monter les escaliers, marcher, s’habiller/se laver, se pencher, porter des courses, faire son ménage)
  • et sans altération de la santé mentale (≤1 symptôme dépressif sur quinze possibles3).

Des bénéfices transversaux, quel que soit le régime

L’adhésion aux 8 régimes au cours de la seconde partie de la vie adulte était associée à une probabilité plus élevée de vieillir en bonne santé. Les individus présentant les scores d’adhésion les plus élevés aux régimes avaient entre + 45 % (régime hPDI4) et + 86 % (régime aHEI5) de chances supplémentaires d’atteindre leurs 70 ans en bonne santé par rapport aux individus présentant les scores d’adhésion les plus faibles. Les associations observées se révélaient plus fortes dans certaines populations à risque telles que les fumeurs, les personnes en surpoids ou les personnes pratiquant peu d’activité physique, suggérant un rôle potentiel encore plus important d’une alimentation équilibrée chez ces sujets. À noter, le niveau de consommation d’aliments transformés, également calculé par les chercheurs, réduisait les chances de bien vieillir (- 32 % chez les plus forts consommateurs).

Les chercheurs ont également examiné les associations des différents régimes avec chaque domaine du bien vieillir : tous les régimes se révélaient alors associés à toutes les dimensions (absence de maladie, santé cognitive, santé physique, santé mentale). Enfin, les chercheurs ont analysé les groupes alimentaires inclus dans les régimes et dont les consommations étaient associées au vieillissement en bonne santé. Des consommations plus élevées de fruits, légumes, produits céréaliers complets, fruits à coques et légumineuses, et produits laitiers à faible teneur en matière grasses, et moins élevées de viandes rouges, viandes transformées et sodium, allaient de pair avec un vieillissement global en bonne santé, sans maladie et sans altération de la santé physique, cognitive et mentale, corroborant les résultats de précédentes études sur le vieillissement menées sur d’autres cohortes dans le monde (France, Australie…).

Alors que l’OMS a fait de la décennie 2021-2030 la Décennie pour le vieillissement en bonne santé, de tels régimes pourraient ainsi faire partie des stratégies de santé à encourager favorisant un bien vieillir « holistique », réussi dans toutes ses dimensions.

Source : Tessier AJ, Wang F, Korat AA, Eliassen AH, Chavarro J, Grodstein F, Li J, Liang L, Willett WC, Sun Q, Stampfer MJ, Hu FB, Guasch-Ferré M. Optimal dietary patterns for healthy aging. Nat Med. 2025 May;31(5):1644-1652. doi: 10.1038/s41591-025-03570-5.

1 Les sujets avaient entre 40 et 69 ans à l’inclusion.

2 Selon le questionnaire d’évaluation subjective de déclin cognitif (par exemple, impression de déclin de mémoire ou de moindre performance cognitive exprimée par un sujet, etc.)

3 Selon l’échelle d’évaluation de la dépression gériatrique composée de 15 items : 1. Etes-vous dans l’ensemble satisfait de votre vie ? 2. Avez-vous renoncé à nombre de vos activités et intérêts ? 3. Avez-vous le sentiment que votre vie est vide ? 4. Vous ennuyez-vous souvent ? 5. Êtes-vous de bonne humeur la plupart du temps ? 6. Avez-vous peur qu’il ne vous arrive quelque chose de mauvais ? 7. Êtes-vous heureux/-se la plupart du temps ? 8. Vous sentez-vous souvent faible et dépendant ? 9. Préférez-vous rester chez vous, plutôt que de sortir et faire quelque chose de nouveau ? 10. Estimez-vous avoir plus de troubles de la mémoire que la plupart des gens ? 11. Vous dites-vous qu’il est merveilleux d’être vivant en ce moment ? 12. Vous sentez-vous inutile tel que vous êtes aujourd’hui ? 13. Vous sentez-vous plein d’énergie ? 14. Avez-vous l’impression que votre situation est désespérée ? 15. Croyez-vous que la plupart des gens soient plus à l’aise que vous ?

4 Ce régime inclut des critères pour limiter les émissions de gaz à effet de serre aux côtés de critères de santé

5 Ce score est une adaptation du score d’adhésion aux recommandations alimentaires (HEI) développé par les autorités de santé américaines, revu par l’équipe de chercheurs en nutrition de Harvard pour améliorer l’impact santé de telles recommandations.