Des chercheurs ont observé les dérégulations métaboliques qui s’installent au cours de l’obésité puis du diabète de type 2 : l’inflammation serait initiée dès l’apparition d’une obésité, alors que les dysfonctionnements immunitaires apparaitraient progressivement en réponse aux dérégulations glycémiques accompagnant l’évolution vers le diabète.
L’obésité et le diabète de type 2 (DT2) sont associés à un dysfonctionnement du système immunitaire, augmentant notamment la susceptibilité aux infections. Cependant, les effets respectifs de l’adiposité associée à l’obésité et de l’hyperglycémie associée au DT2 sur la dérégulation immunitaire restent mal compris.
Le spectre métabolique de l’obésité au diabète de type 2
Des chercheurs canadiens ont imaginé un protocole permettant d’étudier les dérégulations immunitaires tout au long du spectre métabolique en recrutant 4 groupes de sujets :
- des individus présentant un poids et une glycémie normaux (n=31)
- des individus obèses et normo-glycémiques (OB-NG ; n=24)
- des individus obèses présentant une intolérance au glucose (OB-GI ; n=30)
- des individus obèses atteints de diabète de type 2 (OB-DT2 ; n=27)
Afin de faire abstraction des effets de l’alimentation (qui peut aussi moduler l’immunité), tous les sujets recevaient un régime occidental standardisé pendant la durée de l’étude (4 semaines).
Inflammation puis dérégulation immunitaire
Les chercheurs montrent que l’inflammation systémique (reflétée notamment par la mesure de la protéine C réactive) est présente de façon précoce dans le spectre, c’est-à-dire dès que l’obésité se met en place (groupe OB-NG) puis également aux stades plus avancés (OB-GI et OB-DT2). Ainsi, c’est l’apparition de l’obésité qui semble initier l’inflammation systémique observée dans le spectre. Toutefois, d’autres marqueurs de l’inflammation (index calculés à partir des globules blancs ou interleukines IL-1β) se trouvent élevés uniquement dans le 4e groupe (OB-DT2), reflétant de possibles complications métaboliques liées au DT2.
La sécrétion de l’interleukine 2 (IL-2), utilisée comme principal marqueur de la fonction des lymphocytes T, connaît quant à elle une diminution progressive tout au long du spectre, conduisant à des niveaux significativement réduits dans le groupe OB-DT2 par rapport aux individus de poids/glycémie normaux. Les chercheurs observent également une diminution de la proportion de certains lymphocytes (CD8+ T, impliqués dans les réponses aux infections virales) ou de lymphocytes T dit naïfs (i.e. sans mémoire, impliqués dans la construction des nouvelles réponses immunitaires). Or, des associations négatives sont observées entre l’hémoglobine glyquée et les taux de ces deux marqueurs, suggérant l’implication de l’hyperglycémie dans la dérégulation de l’immunité au fil du spectre métabolique.
Ces résultats soulignent ainsi l’importance de traiter l’obésité et le contrôle de la glycémie afin de réduire l’inflammation et d’améliorer la santé immunitaire.
Source : Braga Tibaes JR, Barreto Silva MI, Azarcoya-Barrera J, Blanco Cervantes P, Makarowski A, Mereu L, Richard C. Assessment of immune function in individuals without and with obesity and normoglycemia, glucose intolerance, or type 2 diabetes: primary findings of the NutrIMM study, a single-arm controlled feeding trial. Am J Clin Nutr. 2025 Jun;121(6):1315-1327. doi: 10.1016/j.ajcnut.2025.03.003.