Certaines associations fréquentes d’additifs, résultant de leur co-occurence dans les aliments ou de la co-ingestion d’aliments transformés, entraînent un sur-risque de diabète de type 2 dans la cohorte française Nutrinet Santé.
Émulsifiants, colorants, conservateurs, édulcorants… plus de 300 additifs sont aujourd’hui autorisés en Europe, pouvant conduire à une multi-exposition à ces substances chez les consommateurs. Or, l’évaluation de la sécurité des additifs par les autorités de santé repose jusqu’ici sur des analyses de substances isolées – alors que des effets cocktails sont suspectés –, basés sur des études de cytotoxicité ou de génotoxicité – et que des troubles métaboliques sont aussi suggérés par des études expérimentales. Face à ce constat, les chercheurs travaillant sur la cohorte française Nutrinet-Santé ont identifié les associations d’additifs fréquemment consommés par les Nutrinautes (> 100 000 individus considérés dans cette étude), puis ont analysé les liens entre le niveau de consommation de ces mélanges et la survenue d’une maladie métabolique en pleine augmentation : le diabète de type 2.
Des cocktails qui augmentent le risque de diabète de type 2
Sur les cinq « cocktails » d’additifs identifiés, deux ressortaient comme associés à un risque accru d’apparition d’un diabète de type 2. Cette association était indépendante de la qualité nutritionnelle globale du régime alimentaire. Le premier cocktail était essentiellement composé d’émulsifiants, ainsi que par un conservateur et un colorant trouvés dans de nombreux aliments transformés comme les bouillons, les desserts lactés et les sauces/matières grasses ajoutées. Le second cocktail était quant à lui composé d’acidifiants/correcteurs d’acidité, de colorants et d’édulcorants, typiques des boissons sucrées et édulcorées. Aucun additif en particulier dans les cocktails ne semblait porter les relations observées de façon plus importante que les autres. Si des interactions entre les additifs étaient mises en évidence, elles pouvaient être de nature synergique (effet plus fort que la somme des effets de deux substances isolées) ou antagoniste (effet plus faible). Pour les chercheurs, ces données devraient inciter à considérer les effets de multi-expositions aux additifs lors de l’évaluation de la sécurité d’emploi de ces substances, voire à faire évoluer le cadre réglementaire associé.
Source : Food additive mixtures and type 2 diabetes incidence: Results from the NutriNet-Santé prospective cohort. Payen de la Garanderie M, Hasenbohler A, Dechamp N et al. PLoS Med. 2025 Apr 8;22(4):e1004570. doi: 10.1371/journal.pmed.1004570.