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Brève – Alimentation durable : quels remplacements, pour quels enjeux ?

Alors que de nombreux pays pointent la nécessité de réduire l’ensemble des produits animaux pour tendre vers une alimentation durable, des chercheurs canadiens présentent des modèles de substitution nuançant les effets de différents types de substitution sur les différentes facettes de la durabilité.

Certes, de plus en plus de pays préconisent de remplacer les produits animaux par des sources de protéines végétales comme les légumineuses, les graines, etc. Des chercheurs canadiens ont toutefois souhaité étudier dans le détail l’impact de telles substitutions :

  • En considérant différentes dimensions de la durabilité alimentaire : impact sur les apports de certains nutriments « sensibles » (fer, calcium…), sur la santé globale (espérance de vie) et sur l’environnement (émissions de gaz à effet de serre ou EGES) ;
  • En considérant séparément différents types de produits animaux compte tenu de la diversité de leurs profils nutritionnels et de leurs effets sur la santé et l’environnement : ils ont ainsi distingué les viandes rouges et transformées et les produits laitiers.

Distinguer les produits animaux et les impacts

Les résultats des simulations effectuées font apparaître des impacts plus ou moins importants selon les produits et dimensions de durabilité considérées, celles-ci se révélant parfois difficiles à concilier.

Globalement, les substitutions de 25 à 50 % des consommations observées de viande et de produits laitiers par des produits végétaux affecteraient peu les risques d’inadéquations nutritionnelles, à une exception : le risque d’apports insuffisants en calcium augmente de 14 % quand on substitue 50 % des produits laitiers. Côté santé, l’espérance de vie1 se trouverait améliorée de façon similaire (≈ 8 mois) par les substitutions des deux types de produits animaux. Enfin, c’est de loin les substitutions de viande rouge et transformée qui réduiraient le plus les EGES d’origine alimentaire (jusqu’à – 25 % d’EGES).

Des messages simples versus des relations nuancées

Ainsi, les résultats obtenus ici suggèrent que la substitution des viandes rouges et transformées produit les effets à la fois les plus marqués et les plus synergiques sur les différentes dimensions de durabilité alimentaire. Mais surtout, ils illustrent la complexité de l’évaluation des impacts des substitutions de produits animaux, qui dépendent certes des deux facteurs ici testés, c’est-à-dire  :

  • des familles d’aliments considérées (et des niveaux de regroupement d’aliments : on peut ici se demander si les viandes rouges et transformées devraient être considérées ensemble compte tenu de leurs différences de composition et d’impacts sur la santé, voire l’environnement),
  • et des dimensions de durabilité que l’on intègre,

mais aussi de nombreux autres facteurs non considérés ici, tels que :

  • la qualité nutritionnelle des alternatives végétales (degré d’enrichissement, degré de transformation),
  • la biodisponibilité des nutriments selon la source d’aliment,
  • les habitudes, l’offre alimentaire et les enjeux nutritionnels et de santé propres à chaque pays,
  • les diversités des pratiques d’élevage, etc.

 

Source : Auclair O, Eustachio Colombo P, Milner J, Burgos SA. Partial substitutions of animal with plant protein foods in Canadian diets have synergies and trade-offs among nutrition, health and climate outcomes. Nat Food. 2024 Feb;5(2):148-157. doi: 10.1038/s43016-024-00925-y.

1 calculée à partir de modèles intégrant les risques de mortalité associés aux consommations de certains groupes d’aliments