D’après une analyse des données de la cohorte québécoise NuAge, les personnes âgées pourraient couvrir leurs besoins en vitamine B12 via l’alimentation, sans recourir à la supplémentation ni aux aliments enrichis.
Certes, l’analyse a été financée par les Producteurs laitiers du Canada. Pour autant, elle a le mérite de poser les questions suivantes : une alimentation non enrichie peut-elle prévenir le risque de déficience en vitamine B12 chez les personnes âgées (chez qui l’absorption peut être altérée) et si oui, certaines sources alimentaires sont-elles plus efficaces que d’autres pour cela ? Pour y répondre, des chercheurs québécois ont utilisé les données de 1 753 adultes en bonne santé de la cohorte NuAge, âgés de 67 à 84 ans. Les apports en vitamine B12 étaient évalués à partir des consommations alimentaires mesurées par trois rappels de 24 h, et représentaient ceux provenant de l’alimentation courante, non enrichie (enrichissement très restreint au Canada) et hors compléments alimentaires (les consommateurs de tels compléments étant exclus de l’analyse). Quant au statut en vitamine B12, en l’absence d’indicateur unique consensuel, il était estimé à partir de deux indicateurs : le taux sanguin de vitamine B12 et le taux urinaire d’acide méthylmalonique/créatinine (cet acide s’accumulant en cas de déficit en vitamine B12). Les chercheurs montrent d’abord que des apports alimentaires plus élevés en vitamine B12 se traduisaient par un risque réduit de statut faible en cette vitamine ; suggérant qu’une alimentation courante riche en vitamine B12 hors supplémentation ou enrichissement peut être suffisante pour prévenir un déficit (s’il n’y a pas de facteur pouvant causer une malabsorption, comme un traitement du diabète par metformine). Parmi les deux principales sources de vitamine B12 (produits laitiers et viandes), les apports provenant des produits laitiers étaient associés à un risque réduit de statut inadéquat, mais pas ceux provenant de la viande, suggérant un rôle plus important des premiers en prévention des déficits. Pour expliquer ces résultats, qui semblent corroborer ceux d’autres études non financées par l’industrie laitière, les chercheurs évoquent la plus grande biodisponibilité de la vitamine B12 issue du lait, et surtout sa meilleure résistance aux traitements de pasteurisation du lait qu’à la cuisson que connaît la viande.
Source : Huang HH, Cohen AA, Gaudreau P, Auray-Blais C, Allard D, Boutin M, Reid I, Turcot V, Presse N. Vitamin B-12 Intake from Dairy But Not Meat is Associated with Decreased Risk of Low Vitamin B-12 Status and Deficiency in Older Adults from Quebec, Canada. J Nutr. 2022 Jun 23;152(11):2483–92. doi: 10.1093/jn/nxac143.