Selon une étude américaine, les substituts de viande, bien qu’ils appartiennent à la catégorie des aliments ultra-transformés, pourraient réduire certains marqueurs de risque cardiovasculaire.
Aux Etats-Unis, les substituts de viande, aussi nommés alternatives végétales à la viande, sont considérés comme un moyen simple de réduire la consommation de produits animaux, mais souffrent de critiques quant à leur caractère ultra-transformé (selon la classification NOVA1). Des chercheurs ont ainsi comparé dans un essai randomisé croisé les effets de la consommation de ces substituts à ceux de la viande rouge sur différents marqueurs de risque cardiovasculaire, et en particulier sur l’oxyde de triméthylamine (TMAO).
La TMAO abaissée par les substituts
Au total, 36 participants ont suivi alternativement deux régimes alimentaires de 8 semaines quasi-identiques à ceci près que l’un fournissait de la viande rouge (> 2 portions par jour) et l’autre des substituts de viande (> 2 portions par jour).
Comme attendu, les concentrations sériques moyennes de TMAO à la fin de chaque régime se sont révélées plus faibles avec les substituts (2,7 ± 0,3 µM contre 4,7 ± 0,9 µM avec la viande). Toutefois, l’ordre de suivi des régimes modulait sensiblement les évolutions de TMAO. Lorsque la viande était consommée en premier, les concentrations de TMAO augmentaient avant de s’abaisser durant le régime avec les substituts. Lorsque les substituts étaient consommés en premier, les concentrations de TMAO diminuaient mais restaient ensuite stables au cours du régime avec viande. Dans ce second cas, les chercheurs supposent que le microbiote des sujets était modifié par les 8 semaines de régime avec substituts, de sorte que les bactéries responsables de la production de TMAO étaient en trop faible nombre pour former du TMAO à partir des viandes rouges présentes dans le régime suivant.
Ultra-transformés mais bénéfiques au plan cardiovasculaire ?
Comme le TMAO, le LDL-cholestérol et le poids étaient réduits avec les substituts de viande tandis qu’aucune différence n’était observée pour les autres marqueurs cardiovasculaires (IGF-1, insuline, glucose, cholestérol-HDL, triglycérides, pression artérielle).
Les chercheurs concluent que la consommation d’alternatives végétales à la viande n’apporte que des bénéfices en termes cardiovasculaires et considèrent que les critiques relatives aux conséquences sur la santé de leur ultra-transformation ne sont pas fondées. Ces conclusions quoiqu’intéressantes sont à moduler, d’abord du fait de la petite taille de l’étude et de sa durée restreinte. En outre, la consommation de viande rouge (> 2 portions par jour) était élevée, au-delà des recommandations alimentaires en vigueur. Enfin, les résultats portent sur des marqueurs intermédiaires et non directement sur des évènements cardiovasculaires.
Source : Crimarco A, Springfield S, Petlura C et al. A randomized crossover trial on the effect of plant-based compared with animal-based meat on trimethylamine-N-oxide and cardiovascular disease risk factors in generally healthy adults: Study With Appetizing Plantfood-Meat Eating Alternative Trial (SWAP-MEAT). Am J Clin Nutr. 2020;nqaa203.
1 Monteiro CA, Cannon G, Moubarac J-C, Levy RB, Louzada MLC, Jaime PC. The UN Decade of Nutrition, the NOVA food classification and the trouble with ultra-processing. Public Health Nutr 2018;21(1):5– 17.