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Aliments ultra-transformés : un nouveau facteur de risque cardiovasculaire ?

D’après les données de la cohorte Nutrinet, consommer des aliments ultra-transformés pourrait augmenter le risque de maladies cardiovasculaires, quels que soient le sexe, l’âge, l’indice de masse corporelle ou la qualité nutritionnelle du régime.Crèmes glacées, pâtisseries, mais aussi soupes à reconstituer, beignets de légumes, ou encore sodas… les aliments ultra-transformés (AUT) n’ont pas fini de faire parler d’eux. Et pour cause : leur consommation est associée à un risque accru de maladies cardiovasculaires (MCV), révèle une étude parue dans le BMJ menée sur quelque 105 159 participants de la cohorte française Nutrinet. En 2018, dans une publication fortement médiatisée, la même équipe avait déjà conclu à un risque accru de cancers chez les forts consommateurs d’AUT. Après une durée de suivi médiane de 5 ans, les chercheurs observent cette fois une augmentation des risques de MCV totales, de maladies coronariennes et d’accidents vasculaires cérébraux (risque 10 à 15 % plus élevé lorsque la part d’AUT augmente de 10 % dans le régime). Bien que le principe même d’une classification fondée sur le degré de transformation des aliments – la classification NOVA[1] – soit loin de faire l’unanimité dans le paysage de la nutrition, la constance des associations dans les différentes analyses réalisées par les chercheurs – stratifications sur le sexe, l’âge, l’indice de masse corporelle, ajustements sur des marqueurs de qualité nutritionnelle du régime alimentaire, etc. – a de quoi retenir l’attention. D’autant que, sans préjuger d’une relation de causalité, les pistes mécanistiques ne manquent pas : moindre densité nutritionnelle des aliments ultra-transformés, formation de composés néfastes (comme l’acrylamide) au cours des procédés de transformation, transferts de composés toxiques présents dans les emballages (comme le bisphénol A), présence d’additifs dont la sécurité est parfois questionnée (sulfites, glutamate, etc.), sont autant d’hypothèses susceptibles d’expliquer cette association. Qui reste toutefois à considérer avec prudence, compte tenu, comme le soulignent des experts de l’Académie de l’Agriculture, « du manque de robustesse scientifique de la classification NOVA », susceptible d’entacher la validité des travaux qui s’appuient dessus.

Source : Srour B et al. Ultra-processed food intake and risk of cardiovascular disease: prospective cohort study (NutriNet-Santé). BMJ. 2019 May 29;365:l1451.

[1] telle que définie dans cet article : Monteiro et al. Public Health Nutr 2018;21:5-17.