Les caractéristiques nutritionnelles et les procédés de fabrication des aliments transformés contribuent-ils au développement de l’obésité et autres causes de mortalité prématurée ? Quels sont leurs effets sur le microbiote intestinal ? Une revue de la littérature fait le point sur le sujet. Après avoir ciblé leur contenu en lipides, en glucides et en fibres, les chercheurs s’intéressent aujourd’hui à l’impact de la transformation des aliments pour comprendre l’obésité. Cette publication passe en revue les travaux déjà publiés et formule la thèse selon laquelle l’effet délétère des aliments transformés passerait également par une dysbiose du microbiote.
Diverses causes de dysbiose
Plusieurs pistes d’explication sont avancées. Parmi celles-ci, des éléments en lien avec la composition nutritionnelle des aliments transformés : de faibles teneurs en vitamines et oligo-éléments qui pourraient, directement ou indirectement (= via l’hôte), perturber le microbiote ; ainsi que de faibles taux de fibres, d’où une moindre fermentation colique et, par conséquent, une réduction de la satiété (liée aux acides gras à chaîne courte produits) et de l’intégrité du système digestif (le butyrate synthétisé par les bactéries réduit l’inflammation digestive).
D’autres facteurs sont également incriminés : les édulcorants et émulsifiants, les sirops de maïs à haute teneur en fructose (largement évoqués dans cette publication), le traitement thermique (pour la conservation longue durée des aliments), ainsi que les composés apparaissant au cours des procédés de fabrication et notamment de cuisson (produits de la réaction de Maillard), qui auraient un effet sur le poids et le développement de certaines pathologies (diabète, athérosclérose, tumeurs), via des perturbations structurelles et fonctionnelles du microbiote générant une inflammation chronique.
De plus amples recherches demeurent nécessaires pour identifier les bactéries impliquées et décrypter plus précisément les mécanismes en jeu. Néanmoins, les auteurs considèrent comme acquis que, d’une part, la transformation des aliments altère leurs qualités nutritionnelles et pourrait expliquer les concomitantes épidémies d’obésité et de maladies cardiovasculaires et, d’autre part, que le microbiote intestinal représente un médiateur important de ces effets.
Source : Miclotte L., Van de Wiele T. Food processing, gut microbiota and the globesity problem. Crit Rev Food Sci Nutr. 2019 Apr 4:1-14. doi: 10.1080/10408398.2019.