Une supplémentation en choline pendant la grossesse pourrait optimiser certaines fonctions cognitives chez le nourrisson, comme la vitesse de traitement de l’information. Reste à savoir si les effets perdurent au cours de l’enfance et si d’autres études randomisées confirmeront ce résultat.
Bien que l’organisme humain soit capable de synthétiser la choline et qu’il n’existe pas de besoin nutritionnel établi pour ce composé, une supplémentation pourrait-elle s’avérer bénéfique dans certaines situations ? C’est en tous cas ce que suggère une étude randomisée contrôlée en double aveugle réalisée chez 26 femmes enceintes ayant reçu de la choline au cours de leur troisième trimestre de grossesse. À l’origine de l’étude, une équipe américaine a souhaité confirmer chez l’Homme les effets bénéfiques très souvent observés sur les fonctions cognitives de rongeurs nés de mères supplémentées. Pour cela, l’essai a comparé les performances cognitives d’enfants pendant leur première année de vie en fonction de la dose de choline reçue par la mère : celle-ci était soit de 480 mg/j (n=13), ce qui représente l’apport adéquat* défini par les autorités de santé américaines ; soit 930 mg/j (n=13). Une partie de la choline – 380 mg environ – provenait des aliments tandis que le reste était administré sous forme de complément. Force de l’étude limitant les facteurs de variabilité, l’alimentation était entièrement fournie aux participantes, sous forme de repas consommés au laboratoire ou à emporter.
Une amélioration du temps de réaction
Pour évaluer les performances cognitives, les chercheurs ont observé les temps de réaction en réponse à un stimuli visuel (saccades oculaires). En accord avec leur hypothèse, les chercheurs ont constaté des temps de réaction significativement diminués chez les enfants issus des mères ayant reçu la plus forte dose de choline (- 33,8 ms en moyenne dans le modèle ajusté, p=0,03), et ce à tous les âges testés (à 4, 7, 10 et 13 mois). Des pistes mécanistiques plausibles sont évoquées : les effets observés pourraient ainsi provenir d’un tri optimisé des informations sensorielles afférentes par les neurones cholinergiques (c’est-à-dire sensibles à l’acétylcholine, neurotransmetteur synthétisé à partir de choline) ; ou d’une meilleure conduction nerveuse liée à des membranes neuronales plus riches en phospholipides dérivés de la choline (phosphatidylcholine et sphingomyéline). Ces résultats amènent à s’interroger sur l’existence d’un besoin spécifique en choline pour optimiser le développement cérébral.
Quelle signification clinique ?
Pas de conclusion hâtive toutefois : bien que les temps réduits de réaction par saccades oculaires chez les nourrissons aient pu être associés à des scores de QI plus élevés et des temps de réactions plus rapides plus tard dans l’enfance, les présents résultats ne préjugent pas de la durabilité des effets observés au-delà de 1 an ; encore moins de la signification clinique des différences observées. Réalisée sur un faible nombre de participantes, l’étude peut difficilement être généralisée. Enfin, les effets se limitent à certaines dimensions cognitives alors que d’autres n’ont pas été améliorées – cas de la mémoire spatiale – ni explorées.
* Apport adéquat (= Adequate intake) : apport moyen constaté dans une population dont le statut nutritionnel est jugé satisfaisant.
Source : Caudill MA et al. Maternal choline supplementation during the third trimester of pregnancy improves infant information processing speed: a randomized, double-blind, controlled feeding study. FASEB J. 2017 Dec 7. pii: fj.201700692RR.