Le pain complet ne serait pas plus favorable que le pain blanc en termes de réponse glycémique : c’est ce que suggèrent les résultats d’une équipe qui montre, pour la seconde fois, que l’effet des aliments sur la glycémie varie en fonction des individus. Et le microbiote pourrait bien en être à l’origine…
Il n’aura pas fallu bien longtemps à Korem et Zeevy pour refaire parler d’eux ! Déjà l’an dernier, nous consacrions un article à leurs travaux, qui mettaient en évidence une variabilité inter-individuelle importante des réponses glycémiques postprandiales. D’après les résultats d’une nouvelle étude menée par cette équipe israélienne, cette variabilité aurait davantage d’effets sur les paramètres glycémiques que la composition nutritionnelle des aliments ingérés, en particulier leur index glycémique. Pour parvenir à ces conclusions, les chercheurs ont comparé les effets de la consommation, durant une semaine, de deux types de pain : un pain « blanc » industriel, composé essentiellement de farine de blé raffinée, et un pain artisanal complet au levain. Ces pains étaient distribués à 20 participants dans le cadre d’une étude randomisée en cross-over. Leur consommation (quantité minimale imposée au petit-déjeuner puis ad libitum pour le reste de la journée) représentait un apport en glucides de l’ordre de 100 g/j. Contre toute attente, aucun effet significatif du type de pain consommé n’a été mis en évidence, ni sur la glycémie à jeun, ni sur la tolérance au glucose des sujets. Anticipant les critiques, les auteurs prennent le soin de préciser qu’un défaut de puissance est peu probable compte tenu du schéma expérimental mis en œuvre et du nombre de sujets retenus. Complétant leur étude par des analyses de composition des microbiotes fécaux des sujets, les auteurs ont noté peu de différences induites par le type de pain et une relative stabilité du microbiote entre le début et la fin des différentes phases de l’étude. En reprenant l’analyse des résultats individu par individu, les chercheurs ont trouvé une origine à ces absences d’effets. En effet, deux catégories de sujets ont été identifiées : ceux (environ la moitié) qui présentaient une réponse glycémique plus élevée suite à la consommation de pain au levain, et ceux qui présentaient la même réaction suite à la consommation de pain blanc. Deux effets antagonistes donc, se traduisant par un effet moyen nul du type de pain au niveau du groupe. Les auteurs ont ensuite modélisé la variabilité des réponses glycémiques individuelles : la seule inclusion de données sur le microbiote des sujets dans le modèle suffisait à prédire leur réponse glycémique suite à la consommation d’un type de pain donné, suggérant l’implication de ce facteur. Ces résultats, qui demanderont confirmation, constituent un argument en faveur du développement de recommandations alimentaires personnalisées… au moins pour la consommation de pain !
Source : Korem T, Zeevy D et al. Bread Affects Clinical Parameters and Induces Gut Microbiome-Associated Personal Glycemic Responses. Cell Metab. 2017 Jun 6;25(6):1243-1253.