La consommation de compléments alimentaires contenant de l’acide folique en période péri-conceptuelle a un effet bénéfique démontré dans la prévention des anomalies de fermeture du tube neural des enfants à naître. Une étude suggère que la supplémentation en acide folique aurait également un effet protecteur contre l’asthme de l’enfant à faible dose, mais pourrait inversement augmenter le risque à dose relativement élevée.
Le potentiel bénéfice d’une supplémentation en acide folique au cours de la grossesse sur l’incidence de l’asthme de l’enfant a récemment fait l’objet de plusieurs travaux avec des résultats contradictoires et sans prendre en compte le lien entre la dose et le risque. Dans ce contexte, les auteurs de cet article ont effectué une méta-analyse et une étude cas-témoin afin d’évaluer l’association entre différentes doses de supplémentation maternelle en acide folique et le risque d’asthme chez l’enfant.
Les données de 4 publications et 1 revue ont été intégrées dans la méta-analyse. L’étude cas-témoin en milieu hospitalier a été menée auprès de patients ambulatoires entre mars 2010 et mars 2011, incluant 150 enfants atteints d’asthme (âge moyen de 1,73 ans) et 212 contrôles (âge moyen de 1,43 ans). Dans cette étude, 24% des mamans d’enfants asthmatiques n’avaient pas été supplémentées. Sur les 76% qui avaient reçu une supplémentation en acide folique, 40,7% avaient débuté après la conception. Dans le groupe « contrôle », plus d’un tiers des femmes n’avaient pas reçu de supplémentation et sur les 64% de femmes supplémentées, seule une femme sur quatre avait reçu une supplémentation avant la grossesse.
D’après les résultats de la méta-analyse et de l’étude cas-témoin, il n’y avait aucune association significative entre la supplémentation péri-conceptionnelle en acide folique et le risque accru d’asthme chez les enfants. Néanmoins, l’analyse quantitative indique que le risque serait significativement augmenté lorsque la supplémentation en folates est élevée, soit en cas d’apport de 400 microg/jour pendant plus de 6 mois ou de 800 microg/jour pendant 3 mois (RR : 3,16, IC 95%: 1,15-8,71) après ajustement pour les principaux facteurs confondants. Inversement, le risque serait diminué lorsque l’apport journalier est de 400 microg/jour sur une durée inférieure à 3 mois (RR : 0,36, IC 95%: 0,17-0,77).
Des recherches supplémentaires sont nécessaires (compte tenu de la fenêtre étroite entre le risque et le bénéfice) pour apporter de nouvelles preuves d’une association entre la consommation de suppléments d’acide folique dans la période péri-conceptuelle et la survenue d’asthme dans l’enfance. Ces hypothèses doivent être étudiées dans une large population avant toute interprétation hasardeuse.
Source : High dose of maternal folic acid supplementation is associated to infant asthma. Yang L. et al. Food and Chemical Toxicology 75 (2015) 88–93.